Crise sanitaire oblige, cette édition de la REF Numérique se tenait intégralement en digital. Pas de quoi entamer l’intérêt de ce rendez-vous incontournable de l’innovation. Au programme un casting de haut vol, la 5G, l’IA, la souveraineté numérique, l’écologie… Retour sur cette édition avec Paola Fabiani, CEO de Wisecom et présidente du COMEX 40 du Medef.
Un mot sur cette édition de la La REF Numérique du Medef, c’est important de ne rien lâcher ?
Je pense qu’il est essentiel de continuer à agir. Le Medef se doit de maintenir solides les interactions entre les différentes forces économiques, d’agir comme une force de proposition. Cette REF Numérique est une occasion privilégiée de mettre en évidence la force d’innovation des entreprises françaises. S’il n’y avait qu’une chose à retenir de cette journée d’échange, c’est ce dynamisme collectif.
En parlant d’innovation, on a l’impression que la crise de la Covid 19 agit comme un accélérateur de la transformation digitale, est-ce le cas ?
Forcément. C’est évidemment et avant tout une épreuve collective, mais oui c’est aussi un accélérateur de transitions, ne serait-ce que par les impératifs logistiques associés à la gestion de cette crise. Les entreprises ont, pour certaines, du passer du jour au lendemain de dispositif présentiel à la généralisation du télétravail.
Cette mue digitale est aussi une mue humaine, tant les individus ont su se réinventer, s’adapter en un temps record. C’est un véritable basculement sociétal. C’est une fierté aussi, qui démontre que la France est toujours capable, face à une crise, de trouver des solutions, de se redéployer.
D’un point de vue strictement économique, cette crise a démontré un retard certain en matière de maturité digitale, pas tant pour les grands groupes que sur le tissu des TPE PME. On peut également regretter que les solutions digitales plébiscitées dans cette crise n’étaient ni françaises, ni européennes (que ce soient les outils de visioconférence ou les plateformes de streaming par exemple). Cela révèle forcement quelque chose.
Dans cette bataille de l’innovation, le label « made in France » peut-il tirer son épingle du jeu ?
Je m’autorise un exemple personnel, je dirige la société Wisecom, un centre de contact. Nous sommes à la croisée des chemins digitaux et sur ce marché les entreprises leaders sont pour la plupart françaises. Donc oui être une leader numérique c’est possible. On l’oublie souvent mais la carte à puce, le minitel, tout cela est français. Il y a toujours eu une place forte réservée à l’innovation dans notre pays, il faut accélérer, se donner les moyens de faire rayonner le label made in France ou tout du moins le made in Europe. Un de nos défis consiste à faire émerger des mastodontes numériques, capables de rivaliser avec les leaders américains ou chinois.
Pour revenir plus spécifiquement à la France, nous sommes quand même dans le top 5 des pays dépositaires de brevets au monde, nous avons la capacité de former des talents qui feront les métiers de demain. Là aussi, il faut engager cette révolution des métiers, former toutes les générations aux nouvelles compétences et savoir attirer et retenir les talents.
Face au quasi-monopole des États-Unis et de la Chine, comment se porte notre souveraineté numérique ?
C’est un vrai sujet qui dépasse les frontières hexagonales et se place à un niveau européen. L’économie de l’influence, définie par la maîtrise de la data, doit être au cœur de notre vision et de nos politiques. Cela passe inévitablement par la définition de protocoles communs, par l’hébergement de nos données et leur gestion.