Il faut être sérieux quand on a 17 ans. Depuis samedi 00H00, nous y sommes, le couvre feu. Vocabulaire martial s’il en est, en écho à une guerre déclarée en mars dernier. C’est donc acté, à 21h00, circulez, rien à voir. Une nouvelle étape dans l’arsenal, gardons le lexique anti-covid, dont chacun suspecte qu’elle ne sera pas la dernière.
Lentement mais sûrement, le chemin du déconfinement se refait à l’envers, comme une route en miroir dont on connaît la fin. L’épidémie frémit, on parle de précaution, elle repart et l’on parle de limitation, elle explose et l’on parle d’interdiction. Une forme de fatalité de la gradation, et ce sentiment étrange d’une stratégie du trop ou du pas assez. Pas assez parce que le risque, puisqu’il est avéré et que son caractère exponentiel semble inéluctable, aurait du appeler plus tôt des mesures encore plus radicales, et trop, parce qu’appliquer rigoureusement les mesures gouvernementales reviendrait plus ou moins à tout stopper.
Alors on en est là, toujours dans ce sas, cet entre deux intenable. Continuer ou arrêter ? Lutter ou renoncer ? Ces questions, chaque entreprise se les pose au quotidien, avec un sentiment profond de vanité de l’action, une forme de nostalgie du « à quoi bon ». A quoi bon s’adapter à une réalité mouvante, à quoi bon se projeter dans un avenir si incertain, à quoi bon parler de vision quand les ornières sont la norme ?
C’est usant. Tout simplement usant. Inutile aussi, tant la réalité sanitaire rattrape tout, toujours.
Il ne fait pas bon avoir 17 ans en 2020, vraiment.