Conseillé par Emmanuel Macron, préconisé par Jean Castex et poussé par Elisabeth Borne, le télétravail n’est toujours pas obligatoire en entreprise. Ces dernières attendent avec impatience le protocole sanitaire qui doit les aiguiller sur cette voie.
La déception est au rendez-vous pour ceux qui espéraient que l’interview d’Emmanuel Macron éclaircisse le point brumeux du télétravail. Certes, le chef de l’État s’est fait comprendre 5/5 sur le couvre-feu, la fermeture des restaurants, des bars, des théâtres, des salles de sport et sur l’annulation des mariages et des « parties ». Par contre, sur le télétravail, le message aurait pu être plus limpide.
Emmanuel Macron et Jean Castex : un faible soutien
Dans son interview donnée mercredi 15 octobre à 20 heures, avant même d’évoquer le sujet du télétravail, Emmanuel Macron a rappelé le plus important : il faut que les entreprises poursuivent leur activité. C’est seulement après cela qu’il a préconisé « deux à trois jours de télétravail par semaine » dans les entreprises où cela est possible. « Il faut que ce soit aussi négocié dans les branches et au plus près dans l’entreprise », a expliqué le chef de l’Etat.
Le lendemain de cette prise de parole, Jean Castex est allé dans le même sens, sans être ferme pour autant. Selon le Premier ministre, un protocole sanitaire, qui doit être publié ce vendredi 16 octobre, invitera les entreprises à définir un nombre minimal de jours de télétravail par semaine. Une invitation qui n’est, par définition, pas une obligation.
De moins en moins de télétravailleurs
Mais pas besoin « d’obliger » les entreprises. Selon la ministre du Travail Elisabeth Borne, qui était l’invitée de Public Sénat vendredi 16 octobre , le télétravail est déjà bien appliqué par les entreprises. Elle en veut pour preuve la fréquentation des transports en Ile-de-France. « Le nombre de salariés en télétravail a beaucoup augmenté. La fréquentation des transports en Ile-de-France est en baisse de 40 % par rapport à l’an dernier », explique la ministre.
Mais la volonté affichée du gouvernement de ne pas contraindre les entreprises pourrait se retourner contre les salariés. C’est ce que redoute Cyril Chabanier, cité dans les colonnes du Monde. Le président de la CFTC aurait aimé que l’Etat soit « un peu plus dans l’injonction ». Les syndicats ont maintenant un rôle important à jouer « dans les entreprises » pour que ce protocole soit bel et bien appliqué, explique le syndicaliste.
Mais les faits sont là, le télétravail est de moins en moins utilisé en France. Selon un sondage Odoxa pour Adviso Partners, Challenges et Franceinfo, seulement 14 % des salariés le pratiquaient régulièrement début octobre. Un pourcentage qui grimpe jusqu’à 30 % en Ile-de-France et qui devrait poursuivre sont ascension significativement suite aux préconisations du gouvernement.