Et si la crise sanitaire et économique de la Covid-19 agissait comme un révélateur des failles de notre système de formation ? Et si, en révélant un certain nombre d’inégalités, et plus particulièrement chez les jeunes générations, en termes d’accès à la connaissance et au savoir, elle nous poussait à réagir ?
Le propre des crises est de poser un avant et un après. Ce qui est vrai pour l’activité économique au sens large, l’est forcément pour le sujet de l’éducation. L’éducation, c’est l’amont du travail, c’est le temps d’avant. Et c’est justement pour ça qu’il est décisif. L’accès au travail reste intimement lié à ce que Bourdieu qualifiait de « patrimoine culturel », lieu privilégié d’inégalités sociales. Ainsi, les voies d’excellence sont connues, elles passent par les grandes écoles de commerce, et se poursuivent ensuite au sein des plus grands groupes. C’est la norme, c’est ainsi.
Quand on sait que les frais de scolarité de ces écoles n’ont cessé de croître ces dernières années, on comprend que la question du financement, décorrélée en partie des capacités intellectuelles, devient un frein naturel. Les écoles de commerce recrutent donc les meilleurs candidats parmi ceux en capacité d’assumer ces frais de scolarité. Le modèle s’est enrayé. Le visage de la sélection crée l’exclusion ; le visage de l’éducation crée le stéréotype et le visage de la société se fige.
Le défi du modèle éducatif
Cette situation est inacceptable. Le grand défi de notre modèle éducatif est de créer de nouvelles routes, de nouvelles voies pour rapprocher de l’entreprise et des postes à responsabilité, des populations qui en étaient insidieusement exclues. Et c’est là que l’alternance prend tout son sens. Il faut aujourd’hui sortir de l’image d’Épinal. Non l’alternance n’est pas réservée aux métiers manuels ou artisanaux. Oui l’alternance est un levier d’intégration global. Ce qui est vrai pour l’artisanat l’est aussi pour d’autres univers, banque et finance en tête.
Il faut dès maintenant casser ce cycle, mettre fin à cette dynamique d’exclusion. C’est un nouveau modèle financier à inventer avec en son cœur une logique d’éducation et d’expérience, d’apprentissages et de compréhensions, de contributions et de rétributions, de valeurs et d’opportunités.
Conclusion
Notre rôle a changé, il ne s’agit plus uniquement d’apporter un savoir théorique, mais d’aligner les potentiels et les besoins réels de l’entreprise. Dans cette inversion des pôles, la formation devient elle-même rémunératrice, au sens où, l’étudiant devient un actif à part entière. Il prépare son futur concrètement, en s’inscrivant au cœur de sa future organisation. En levant les freins à l’entrée aux écoles de commerce, l’alternance agit comme un acte démocratique et citoyen. C’est la vision que je porte chevillée au corps, c’est la raison d’être profonde de mes engagements, c’est la réalité de demain.