Créée en 2018, Earthship Sisters est une association qui veut asseoir la place des femmes comme un pilier de la transition écologique et sociale à travers l’entrepreneuriat à impact environnemental. Nous avons rencontré Déborah Pardo, l’une de ses fondatrices.
Earthship Sisters propose à des entrepreneures un programme d’excellence au business model innovant de l’économie sociale et solidaire pour mener à bien leur projet professionnel. Cela se traduit par une préparation de neuf mois. Au programme : une formation complète en leadership environnemental, un accompagnement individuel et collectif, puis une navigation commune de quinze jours en Méditerranée. Déborah Pardo nous en dit plus.
Les origines de l’aventure Earthship Sisters
Scientifique de formation, Déborah Pardo a dédié sa carrière à trouver une façon de protéger la biodiversité. Elle a travaillé pendant 8 ans dans la recherche internationale d’assez haut niveau ; notamment sur la thématique de l’impact de la pêche industrielle et des changements climatiques sur les albatros d’Antarctique. Mais elle comprend que la recherche ne permet pas de progresser suffisamment vite pour protéger ces espèces de la crise environnementale actuelle. Elle postule alors à un programme international de leadership pour les femmes qui l’emmène en Antarctique où elle reste un mois. En rentrant de cette expédition, une évidence s’impose à elle : elle doit absolument utiliser son potentiel inexploité pour faire des choses qui ont plus d’impact pour l’environnement.
De retour à Marseille, dont elle est originaire, Déborah Pardo rencontre Nathalie Ille, une ex-mannequin devenue navigatrice. Celle-ci possède une association d’expéditions en mer pour sensibiliser à l’environnement. Au cours de ces navigations, elle s’est aperçue que le bateau était un réel vecteur de leadership. Earthship Sisters naît en 2018 des expériences de ses deux fondatrices. « Il y a urgence à agir pour l’environnement. Si on combine la révélation du potentiel de femmes qui ont envie d’entreprendre pour l’environnement, avec le bateau comme plateforme de visibilité et de sensibilisation, on peut aller très loin », assure Déborah Pardo.
Le programme se compose de cinq week-ends de formation en présentiel. Toutes les six semaines, les participantes se rassemblent en pleine nature pour travailler sur différentes thématiques avec des experts. À cela s’ajoute un travail à distance pour conserver un fil rouge entre les séances de formation. Développement personnel, leadership, développement du projet professionnel : Earthship Sisters fonctionne comme un incubateur. Les participantes, appelées Sisters, ont à leur disposition des coachs individuels, des tests, des mentors, des outils, un réseau sur lesquels elles peuvent s’appuyer. Des partenaires proposent quant à eux du mécénat de compétence. C’est notamment le cas d’Altran qui met à disposition ses consultants ingénieurs en R&D pour répondre au moindre besoin des Sisters. À l’issue de tout ce travail, les participantes mettent les voiles pendant quinze jours à bord de trois voiliers.
La navigation : accélérateur de leadership ?
« La navigation est un outil très puissant, surtout pour les femmes « , témoigne Déborah Pardo. Son associée, Nathalie Ille, constate d’ailleurs que dès qu’un homme se trouve à bord d’un bateau, les femmes se mettent spontanément en retrait. Elles le laissent volontiers exécuter toutes les manœuvres. Mais quand l’équipage n’est composé que de femmes, chacune se trouve une tâche. « Il y a différents postes à gérer sur un bateau. Il faut s’écouter et collaborer, avancer ensemble vers un cap commun, tout en écoutant les éléments et l’environnement alentour et en respectant les autres », décrit Déborah Pardo, dressant ainsi le parallèle avec l’aventure entrepreneuriale.
L’autre avantage du bateau, c’est sa force symbolique. Il représente un écosystème clos et restreint. Les ressources y sont limitées et les déchets s’accumulent très rapidement… Tout comme sur notre planète. À cela s’ajoute la puissance de visibilité. « Un bateau qui entre dans un port, ça attire l’attention, surtout si son équipage est composé essentiellement de femmes. Ça nous permet de faire passer nos messages », renchérit Déborah Pardo. La navigation prend ainsi toute sa place dans le programme Earthship Sisters.
Au gré du vent, les participantes voguent de port en port. À chaque escale, elles participent à des ateliers auxquels sont invités des experts de l’environnement local. En plus de révéler un peu plus le potentiel des Sisters, cette navigation permet donc de mettre à profit tout ce qu’elles ont appris. Elles présentent leur projet et commencent à le commercialiser auprès des personnes croisées lors de ces évènements. « On essaye de toucher un peu à tous les pans de la société avec ces valeurs de dynamisme et d’enthousiasme qui font bouger les lignes. Et les projets des Sisters apportent des solutions très concrètes pour l’environnement « , explique Déborah Pardo.
Cap sur la seconde édition
Cette année, vingt-quatre Sisters seront recrutées pour la prochaine promotion qui s’ouvre le 21 septembre. L’association recherche des candidates qui portent un projet environnemental et qui souhaitent vraiment le mener jusqu’au bout. Elles doivent vouloir devenir visibles et exprimer leur point de vue. Évidemment, cela fait peur car tout le monde ne détient pas forcément les compétences pour se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est pourquoi le programme passe beaucoup de temps à les aider à révéler leur potentiel de leader. Un potentiel qui leur est propre, fruit de leur culture et de leur expérience. « On ne les force pas du tout à entrer dans un moule. Elles développent leur propre mode de leadership. Mais on leur donne les clés pour qu’elles l’assument et pour le rendre plus performant », précise Déborah Pardo.
L’année dernière, environ 33% des Sisters ont monté des projets communs. Ce travail collectif est un aspect très important pour la co-fondatrice d’Earthship Sisters. Elle estime que c’est en aidant les autres qu’on s’aide soi-même. Elle espère donc que la prochaine édition soit aussi riche en échanges, en énergie et en émotion que la précédente.
Autre élément essentiel à la réussite de la seconde édition d’Eartship Sister : l’établissement de partenariats avec des entreprises auxquelles l’association propose de vivre l’aventure avec Earthship Sisters. Elles peuvent ainsi devenir mentor d’une participante ou utiliser leurs bateaux comme espace publicitaire. « On devient des influenceuses de marques engagées », explique Déborah Pardo avant d’ajouter amusée : « Je tends une perche au Slip Français. Je rêve d’avoir un bateau avec un énorme logo Le Slip Français imprimé sur sa voile ! » C’est typiquement l’image que souhaite renvoyer les deux fondatrices d’Earthship Sisters : celle d’une aventure fun, enthousiaste, solidaire et engagée.
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