Sortir de chez soi, mettre un masque. Prendre un vélo, l’enlever. Marcher, le remettre. Courir l’enlever. Boire de l’eau sur l’open space l’enlever. Répondre à un mail le remettre. Voilà on en est là.
Dans le fond tout ce battage politco-sanitaire pourrait faire rire tant il relève de l’injonction contradictoire permanente. On pourrait se plaire à lister les incohérences innombrables des annonces, les exceptions qui confirment la règle de ce monde déconfiné. Mais le cœur n’y est pas. L’énervement et la lassitude si.
Acte 1 : La lassitude
Commençons par la lassitude, le moindre mal. Une forme d’usure à devoir en permanence s’adapter, se contraindre, à ne plus rien pouvoir prévoir, à reporter ou annuler par précaution. Lassitude d’une vie devenue trop complexe, déceptive. Au point que l’on en viendrait presque à regretter le confinement qui avait a minima le mérite de poser le cadre. Partir en vacances ? Pour quoi faire ? Pourquoi partir quand tout l’intérêt d’un congé se voit éroder par des limitations sans cesse plus nombreuses ? Passer du temps en famille, chacun dans une pièce, avec un masque, sans contact mais prendre chaque matin un métro saturé…Demain c’est la rentrée des classes. Masque obligatoire à 11 ans. Comprenne qui pourra.
Acte 2: L’énervement
Donc place à l’énervement qui gagne chacun, peu à peu. Mettons de côté la dimension sanitaire du sujet puisque, sur ce point spécialistes avérés ou supposés se disputent le monopole de la vérité. Ne tombons pas non plus dans un complotisme à la petite semaine. Parlons juste du quotidien, du réel. Quel avenir pour l’emploi, qui peut, avec confiance, se projeter dans le court terme. Les chiffres sont là, implacables et le discours par sa complexité n’y répond pas. Le principe de précaution tel qu’il est promu conduit à l’impasse et dans l’absurde.
L’urgence est là, pourtant, bien visible. Sauver le modèle culturel, économique et social français, tout simplement. A côté de cela, savoir s’il faut porter un masque en courant pèse peu.