Dans l’imaginaire collectif, l’automobile est souvent considéré comme un attribut masculin. À la télévision, sur les circuits ou au Salon de l’Auto, ce sont souvent les hommes qui pilotent. Le secteur du transport privé ne fait pas exception. Pourtant, à la loterie de la course en VTC, on a parfois l’agréable surprise de se faire conduire par une femme.
Très peu représentées dans ce secteur masculin, les femmes y sont pourtant très appréciées. C’est ce que constate Théodore Monziès, co-fondateur d’Eurecab. « Globalement, les femmes ont de meilleures notes que les hommes ». Selon lui, cela s’explique à plusieurs niveaux.
Les conductrices plébiscitées par leurs clients
« Déjà, une femme qui conduit, ça a un caractère rassurant. C’est parfois le cas de certains hommes, mais pas pour tous ». C’est particulièrement vrai pour une certaine clientèle. Pour des femmes qui voyagent seules, par exemple, être conduites par une autre femme s’avère plus rassurant. Théodore Monziès insiste également sur le sérieux dont elles font preuve. Elles s’avèrent souvent plus ponctuelles que leurs collègues masculins. Enfin, les conductrices sont très appréciées pour leur maîtrise de la route, contredisant l’adage idiot : « Femme au volant, mort au tournant ». Les clients jugent leur conduite plus souple et moins nerveuse que celle de certains hommes. Et pour cause, Eurecab compte parmi ses conductrices plusieurs ex-ambulancières. « Ce sont des personnes qui sont habituées à transporter des malades et donc qui ont la conduite adaptée. Vous n’allez pas bringuebaler un malade. Elles essayent de garder une conduite assez souple. Elles ont ça à coeur ».
Les chauffeures d’Eurecab jouissent d’un tel succès que l’entreprise pense ajouter une option pour permettre aux clients de choisir une conductrice au moment de la réservation. Une recours à la discrimination positive qui semble trouver son public. « On a sondé certains clients pour savoir si, au moment de la réservation, ils aimeraient pouvoir opter pour une femme. […] La majorité trouve que c’est une bonne idée et souhaite mettre en place quelque chose. Cela pourrait être une sorte de pictogramme sur l’appli mobile ou sur le site qui permettrait de dire « je préfère une femme chauffeure » ». Un petit coup de pouce qui pourrait permettre aux conductrices de s’imposer dans ce métier. Bien sûr, celles-ci ont leur mot à dire quant à cette possibilité et elles participent à la réflexion. « C’est important pour nous d’avoir leur avis pour ne pas qu’elles se retrouvent ensuite dans des situations délicates », ajoute Théodore Monziès.
Les freins de l’accès des femmes aux métiers du transport privé
Indéniablement, les femmes semblent parfaitement compétentes et particulièrement populaires dans ce secteur. Dès lors, on s’étonne de ne pas rencontrer plus de conductrices de VTC.
Selon Théodore Monziès, le principal frein pour les femmes est d’ordre culturel. Il serait lié à l’opposition qui existe entre ce que l’on considère comme masculin et ce que l’on considère comme féminin. Selon ce schéma de pensée, l’automobile et la conduite, se placent dans la catégorie des activités réservées aux hommes. Pour l’entrepreneur, il peut aussi s’agir d’un frein logistique. « Le métier de chauffeur impose de longs horaires qui ne sont pas toujours faciles à concilier avec une vie de famille. Je pense que ce sont deux aspects qui peuvent être un peu rebutants. »
Viennent ensuite des aspects de sécurité. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Théodore Monziès affirme ne jamais avoir reçu de mauvais retours de la part de ses conductrices. « Toutes les chauffeures qui travaillent chez Eurecab sont seules dans leur véhicule et ça se passe bien.[…] Je pense qu’elles adoptent un comportement plus prudent, par exemple en travaillant plutôt le jour que la nuit, en évitant les soirs de week-end et en évitant les clients alcoolisés. » Pourtant, il comprend que des femmes puissent se sentir vulnérables et ne pas vouloir exercer ce métier.
Comment rendre le secteur plus attractif ?
Théodore Monziès estime que les choses évoluent dans le bon sens, celui de l’égalité. Toutefois, il admet que le processus prendra du temps, surtout au niveau culturel. « Pour moi, il s’agit plus d’un changement à long terme des mentalités. Ancrer une certaine idée d’égalité qui pourra se concrétiser dans les comportements quel que soit le métier. »
Pour ce faire, l’entrepreneur pense qu’il faut s’inspirer des autres secteurs pour rendre celui du VTC plus attractif. « On peut, à l’instar de l’armée, faire de la publicité pour dire que le métier de chauffeur est accessible à tous. » Il ajoute : « Il faut faire émerger des rôles modèles parce que ça encourage les gens. Parfois, il faut se faire sa place pour que les choses changent. » C’est d’ailleurs dans cette idée qu’à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme, Eurecab a publié sur son blog plusieurs portraits de conductrices de VTC. « Femme chauffeure ça peut intriguer. Ça nous intéressait de pouvoir les faire parler et de montrer que c’est complètement normal et plutôt mieux, parfois. »
Et de conclure par un appel à l’adresse des conductrices de VTC : « Nous, on sera ravis si d’autres femmes souhaitent s’inscrire sur Eurecab ! » Alors, n’hésitez plus.
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