La crise sanitaire est passée et chacun, dans cette période inédite, a fait preuve d’un engagement rarement vécu. Nous ressortons, revivons, tout simplement. Tableau idyllique qu’une réalité plus tourmenté vient assombrir. Le monde d’hier rattrape déjà le monde de demain.
On peut s’en réjouir, le regretter, cela n’en reste pas moins un état de fait. Nous avons vécu dans une forme de fiction réconfortante. Une fiction dans laquelle le télétravail pouvait être, massivement, une nouvelle réponse aux enjeux organisationnels, une fiction dans laquelle le chef d’entreprise se voyait entendu et soutenu, en interne par ses équipes mais également par les pouvoirs publics, une fiction dans laquelle les collaborateurs pensaient pouvoir se réinventer, une fiction dans laquelle on souriait le matin ou le soir à la caissière en éprouvant le sens profond de cette utilité.Cette liste est déjà longue, et on pourrait encore, sans problème l’étoffer. Où sont passées nos intentions envers le corps médical, qui, de nouveau, est contraint à la grève pour exprimer son mal-être….
La réalité frappe dans toute sa crudité. Défaillances d’entreprises, plans sociaux, chômage de masse, solitude. Ne taisons pas ces mots, ne les nions pas. Ils sont là, tout autour de nous. Tout ça pour ça ? C’est tout le paradoxe, nous étions plus en sécurité, et par nous j’entends les individus mais aussi les entreprises, pendant cette crise sanitaire qu’après.
Le monde d’après, c’est finalement un monde d’inquiétudes, de craintes, de combats quotidiens. Fallait-t-il y croire à ce monde d’après ? Cette utopie était-elle un état d’esprit ou un état de fait ?
Le monde des utopies est loin aujourd’hui. Il y a eu une bascule, très nette. Une dizaine de jours après le déconfinement, cette fameuse sortie de crise qui n’étaient, avec du recul, qu’une transition. A part des souvenirs que restera t’il de nos idéaux du confinement ? De la destruction de valeurs, en masse. Nombreuses sont les entreprises qui ne se relèveront pas.
Le ton de ce papier est sombre, mais nullement fataliste. Ce que l’on a construit pendant le confinement, il faut aujourd’hui le mettre en œuvre. Il faut accélérer sur les transitions, écologiques en premier lieu, avec les questions du transport ou encore de la production agricole.
Attelons-nous, maintenant, à ce travail. Travaillons plus peut-être, mais surtout travaillons mieux. Il n’y a plus de temps à perdre. Les salariés sont sortis usés de cet épisode de confinement, c’est un fait, parmi d’autres. Il faut en tenir compte. Mais nous ne pouvons repousser le second souffle, nous reposer, attendre. Attendre aujourd’hui c’est mourir demain, tout simplement.