Mais qui est cette femme aux mille et un exploits qui fait la une de tous les journaux ? Coup d’éclat. « Une femme » est en fait multitude. Son nom est Dalia Grybauskaitė, élue présidente de Lituanie en 2009; Donna Strickland, Prix Nobel de Physique en 2018; Alenka Ermenc, devenue Cheffe d’État Major de Slovénie en 2018; Stéphanie Duchet, qui prend la tête des pompiers de la Creuse en 2020. Et tant d’autres.

Pourtant, bien souvent, les médias oublient leur nom au profit de ces deux mots : une femme. Réduisant ainsi toute leur identité à leur seul sexe féminin. Cette tendance médiatique sexiste ne passe pas inaperçu. Elle fait aujourd’hui l’objet d’une page pastiche sur Wikipédia très justement nommée « Une femme ». Cette page recense avec humour de nombreux titres de journaux mettant à l’honneur « une femme » sans vraiment la nommer. Son auteur dénonce ainsi le biais sexiste que révèle cette formulation. Est-ce qu’on écrirait : « Un homme devient président de la République » ? Sans doute pas.

Évidemment, l’intention se voulait louable. Les auteurs de ces titres chocs souhaitaient au contraire mettre en avant un rôle modèle féminin, crier au monde entier que, oui, il est possible d’être né femme et d’accomplir de grandes choses. Alors nous ne jetterons pas la pierre. Au contraire, nous devons bien l’admettre, il nous est sans doute déjà arrivé de nous abandonner à ce genre de formulation, tout heureux de voir briller une personnalité féminine. Malheureusement, il s’agit en fait d’une habitude qui participe à l’invisibilisation des femmes dans les médias. Mais maintenant que nous sommes alertés, on ne nous y reprendra plus ! Entre autodérision et remise en question, la page Wikipédia « Une femme » nous aura servi de piqûre de rappel. Mission accomplie.