Il y a des genres littéraires qui portent en eux leur imaginaire. Pensez road movie et vous ouvrirez les portes des routes américaines, des grands espaces et des virées sans but ni fin. La France, son territoire, n’inspire pas ce genre de fantasmagories, c’est comme ça. C’était avant le Bruit de la mer, de Franck Maubert, chez Flammarion.
Pour être honnête, il y a des livres que l’on ouvre sans réelles attentes, un peu pour passer le temps. La quatrième de couverture posait le décor « Il y a quelque chose d’archaïque à suivre la découpe des côtes. Et sans doute quelque chose d’absurde dans ma course. Incapable de dire à Pierre qu’il est la cause de ce voyage, je vais à la rencontre d’autres solitudes, sous l’hypnose de la mer, de Bray-Dunes à l’île aux Faisans. » Voilà, le paysage. Assez immobile.
Et puis on se laisse prendre. Pages après pages, plages après plages. Ce sont des noms de lieux, des routes, des bâtiments, des visages, du pittoresque. Ce genre de sentiment aigre-doux, d’heureuse nostalgie. Sans vouloir être désobligeant, il n’y a pas vraiment d’histoire, il y a des histoires. Une succession d’instantanés de vies.
Du nord au sud, du sud au nord. On découvre un littoral hors saison, avec ses fantômes, ses silhouettes qui y errent sans réelle raison. C’est un livre d’images, de scènes. C’est la force du verbe, créer des décors en quelques caractères. C’étaient des jours de confinement. Et l’auteur nous parlait de grand large. C’étaient des jours de solitude relative, et l’auteur nous parlait de ces importables rencontres. Il faisait beau et il nous parlait du froid. On s’ennuyait et il ne nous ennuyait plus.
Des fois il ne faut pas chercher très loin une bonne citation, c’est toujours pratique. « J’ai pour habitude de l’accompagner dans ses chasses aux trésors. Il connaît tout et m’apprend beaucoup. » Il y avait de ça, dans ce livre.