C’est une des angoisses de tout dirigeant, une peur. Celle de prendre la mauvaise décision, d’engager son entreprise, ou soi-même dans une mauvaise voie, la crainte du non-retour. Plus le niveau de responsabilité croit, plus le poids de la prise de décision se fait sentir. C’est d’ailleurs, en partie, sur cela que l’on reconnaît un dirigeant, sur sa capacité à accepter cette charge et à ne pas la subir.
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A bien y regarder, les meilleures décisions sont des fictions. Le plus souvent elles sont contextuelles, conjoncturelles. Et, dans la majorité des cas, elles sont provisoires, en aucun cas éternelle. Le confort serait donc de prendre l’ensemble de ses décisions avec comme postulat la concorde, d’éviter le plus possible les points de ruptures, de contourner, en somme de se satisfaire du réel. Dans ce cadre, dans cette psyché, il faut penser et repenser la décision, avec ligne de fuite la réduction des effets collatéraux possible. C’est une fausse sécurité. C’est une folie.
Il y a une vraie efficacité dans la rupture. Diriger c’est avoir le courage de décider, que ce soit d’un point de vue managérial, ou du point de vue la marque. Diriger c’est comprendre que l’autel du temps court est illusoire. Keering vient de prendre sa part de voix contre le racisme. Ils furent aussi parmi les premiers à mettre en balance leur investissements publicitaires sur C8 au regard de l’émission de Cyril Hanouna, ils furent de ceux qui ont refusé l’utilisation des fourrures animales. Ces décisions engagent une marque dans une temporalité autre. Le temps de l’entreprise n’est pas celui de l’opinion, il faut penser au-delà du temps court, de l’urgence de l’instant. C’est dans la durée, dans la répétition des prises de positions que font sens les décisions. Pas de girouette possible. S’appeler Keering, ça veut dire prendre soin, et chaque décision doit intégrer cette constante.
J’ai créé mon entreprise en 2007. Deux ans plus tard, je lançais PeopleCare, première plateforme d’e-coaching en France, voire au monde. Plus de dix ans plus tard, cette idée devenue réalité ne s’est pas encore déployée autant que je le souhaiterais, le travail et les investissements restent grands. Mais ma conviction est intacte. Je sais que PeopleCare va rencontrer le succès, de plus en plus de signaux, forts et faibles en convainquent, et je sais que ce jour-là, et seulement ce jour-là, je pourrai mesurer la valeur d’une décision prise il y a plus de dix ans et qui a radicalement changé mon entreprise. Que faire entre temps ? Il ne faut rien lâcher. Ne pas renier ses convictions. Ne pas changer mais apprendre.
Les bonnes décisions sont des décisions de long terme. Et le long terme, que l’on s’en réjouisse ou non, n’existe plus.