Imaginer la société française post-confinement paraît presque irréalisable étant donné l’inédit de la situation.
Il est vrai qu’à 22 ans, je n’ai jamais connu autre chose que la liberté. Imaginer que je puisse recevoir une amende pour être sortie de chez moi me paraît invraisemblable. Pour autant, cette mesure de confinement est bien nécessaire face à l’épidémie que NOUS affrontons. Le « nous » concerne l’ensemble de l’humanité car le COVID-19 ne tient pas compte des frontières. Pourtant, malgré l’identification de cet ennemi commun, la solidarité mondiale ne semble pas être de mise. Au contraire, nous assistons à un enchaînement de replis nationaux. Ce qui ne peut qu’exacerber notre inquiétude face à cette maladie et ses conséquences.
Chacun ressent la peur qu’un membre de sa famille soit « infecté » et nous connaissons tous des personnes qui, de par la nature de leur travail, sont obligées de continuer à travailler. En dépit des risques pour leur santé. Pour les « confinés » comme moi, c’est comme si le temps s’était brusquement arrêté. Si bien que cette « liberté » que je pensais avoir perdue à l’annonce du confinement le 16 mars dernier, n’a jamais eu autant de sens. D’abord, parce que je me rends désormais compte de la chance que j’avais de pouvoir aller où bon me semble. Ensuite, comme beaucoup d’étudiants dont j’ai recueilli le témoignage, j’en viens à me dire qu’être enfermée n’est peut-être pas une expérience si terrible.
L’interruption brutale de notre quotidien nous a obligé à prendre conscience du temps, ce temps long que nous avons souvent tendance à négliger au profit de nos activités quotidiennes. Le confinement nous pousse à chercher de nouvelles activités comme la cuisine, la musique, la lecture, la peinture, etc. Il nous pousse également à prendre des nouvelles fréquentes de nos proches et amis, chose que, pour beaucoup d’entre nous, nous ne prenions pas le temps de faire.
Tout n’est donc pas négatif, même si la frénésie médiatique autour des victimes du Covid-19 nous rappelle sans cesse la gravité de la situation.
Autre point positif : l’admiration de la population pour tous ceux qui, comme les soignants. Mais aussi les agriculteurs, les caissiers, les éboueurs, les cadres de certaines entreprises, mettent leur vie en danger pour assurer le fonctionnement de notre société. Car après tout, la société ne peut pas s’arrêter intégralement.
S’il est évident que l’on ne retrouvera pas le pays dans le même état qu’avant, du moins pas immédiatement. Il y existe néanmoins des raisons d’être optimiste.
Pour le monde de demain, tout le monde espère sans doute que les « bons côtés » que cette crise a fait émerger demeurent. En commençant d’abord par la revalorisation de « l’ensemble des carrières » de l’hôpital comme l’a promis le président Macron. Mais cette revalorisation, pour être efficace et utile, ne doit pas seulement être monétaire. En effet, pour la première fois en un siècle, notre population, riche comme pauvre, s’est retrouvée dépendante de certains métiers. Redonnant par exemple un certain souffle aux agriculteurs souvent mis au second plan.
Cette épidémie mondiale a montré les bienfaits d’une consommation plus locale et plus responsable. Ne pas faire les courses tous les jours aura sans doute aussi permis de limiter nos habitudes consuméristes. Surtout lorsque la plus grande partie de notre budget était destinée à nos déplacements et à notre loyer en ville. Jamais il n’a été si valorisant de vivre en campagne et de pouvoir profiter d’un jardin. Ce qui a eu pour conséquence de rapprocher la population de l’environnement, de la nature. La société post-confinement, il faut l’espérer, sera ainsi davantage mobilisée pour la lutte contre les désastres écologiques.
Au-delà de nos changements d’habitudes, nous voyons qu’en cette période difficile une entraide s’est mise en place pour aider les personnes les plus vulnérables. Une solidarité qui nous montre l’importance des échanges avec son voisinage et son entourage, et nous détache de l’individualisme. Après le confinement, il faut espérer que ses valeurs (qui ne ressortent que dans les moments les plus difficiles) nous paraissent désormais essentielles. Il ne faut également pas oublier que le confinement signifie une réduction à un petit espace sans pouvoir voir ses amis, sa famille… Les retrouvailles post-confinement s’attendent. Et nous rappellent que boire un verre avec un ami en terrasse fait partie des bonheurs de la vie. Dont il faut savoir profiter.
L’épidémie est aussi l’occasion de montrer l’importance de la transparence de notre gouvernement (chiffres sur le nombre de victimes, capacités médicales…). Et poussera nos institutions à revoir les priorités de notre nation en passant par la revalorisation de certains métiers. L’investissement dans le secteur hospitalier, la solidarité nationale et la protection de l’environnement. En espérant que ce dernier ne sera pas relégué au second plan en raison d’une crise économique et sociale attendue.
Pour finir, il me semble que cette crise nous invite à percevoir la société différemment, surtout pour les jeunes générations. Il faut parfois se contenter de ce que l’on a et du plus simple.
Par Widiane Richard, Membre de Synopia Jeunes