Situation inédite, la crise sanitaire marque l’arrêt de l’activité touristique dans le monde entier. Face à cette nouvelle donne, le secteur doit trouver des solutions pour se réinventer.
Acteur incontournable de l’innovation dans le tourisme, Open Tourisme Lab (OTL) fait aujourd’hui face aux conséquences de la crise sanitaire et économique, ainsi qu’aux enjeux de mutation des filières touristiques. Son directeur, Emmanuel Bobin, nous parle de l’innovation en temps de crise et des opportunités que cette période ouvre pour le secteur du tourisme.
Face à la crise, les startups ont un temps d’avance
Durement touché par la crise du Covid-19, le secteur du tourisme cherche à se réinventer. Les conditions de marché changent et les business models doivent évoluer. Il faut régénérer les idées, repenser les nouveaux services et les produits existants. Dans ce contexte, Open Tourisme Lab mobilise toute son énergie pour aider les startups du tourisme à surmonter cette épreuve. La plateforme d’open innovation les invite à effectuer un pivot et à repenser leur business model : soit elles changent de cible, soit elles changent de métier. Elles se placent alors dans une posture de différenciation et de management de transition, vers le digital et vers le durable, tout en veillant à prendre en compte les conditions sanitaires nécessaires.
Ainsi, « les 15 startups que nous accompagnons au quotidien ont retrouvé, ou sont en voie de retrouver, un chiffre d’affaire. Elles ont réintégré un business model qui pourrait intéresser une cible commerciale mais aussi des investisseurs », estime Emmanuel Bobin. Selon ce dernier, le contexte actuel est générateur d’opportunités. Si on s’en donne les moyens. « Il faut mettre de l’énergie dans l’imagination, la conception, la créativité… Il y a ceux qui se donnent les moyens et qui vont vouloir inverser le paradigme, sortir gagnant de la crise. S’il y a bien une chose qu’il faut protéger, c’est l’innovation ! Et c’est clair que le modèle startups est très adapté à cela », explique-t-il.
Une nouvelle façon de faire du tourisme ?
La crise apporte son lot d’incertitudes, pourtant elle offre aussi de nombreuses opportunités et de nouveaux cas d’usage. Après le Coronavirus, voyagerons-nous autrement ? « En France, nous sommes certains qu’il existera un avant et un après Covid-19, au-delà de l’impact sanitaire et social, dans les pratiques et les comportements », remarque Emmanuel Bobin. En même temps que les comportements, ce sont les business models qui évoluent.
Avec la crise sanitaire l’idée même du droit de pratiquer des activités touristiques se voit remise en question. Face aux images de nos destinations préférées vidées de leur foule de touristes, qui se repeuplent d’animaux, face aussi à la menace de l’épidémie, nous ressentons l’urgence de repenser notre façon de voyager. L’arrêt forcé de l’activité touristique interroge alors sur nos pratiques. Elle vient accélérer nos réflexions sur certains enjeux du secteur : le sur-tourisme, la protection de l’environnement… « Profitons de cette crise pour redonner un sens et une valeur à l’activité touristique avec une application plus locale », encourage Emmanuel Bobin.
Vers la transformation digitale du voyage ?
L’innovation et les startups peuvent apporter des solutions innovantes à ces enjeux sanitaire et environnemental. Pour voyager mieux, le digital pourrait être un allié de taille. La visite virtuelle ou la visioconférence notamment trouvent pendant cette période de nouveaux cas d’usages.
En ces temps propices à l’anxiété et à la panique, elle peuvent permettre de rassurer les voyageurs. Les technologies de réalité virtuelle assurent aux clients que leur lieu de destination respecte les règles de sécurité sanitaire et de distanciation physique. Ils peuvent ainsi voyager plus sereinement. Au-delà de l’usage purement sanitaire, la visite virtuelle agit sur l’engagement du voyageur. « Je pense que les acteurs du tourisme doivent insister sur le pouvoir inspirationnel de leur site internet. La visite virtuelle est un outil à intégrer dans leur dispositif de vente en ligne », souligne Emmanuel Bobin.
En outre, le technologie peut répondre au problème de sur-tourisme pour des destinations davantage culturelles. Pour ces lieux de visites, la réalité augmentée autorise une meilleure gestion des flux de visiteurs ou de la déception de ceux qui n’ont pas pu tout voir. « Je l’ai vécu, si l’on est à Rome et qu’on ne peut pas visiter la Chapelle Sixtine, parce qu’on ne s’y est pas pris à l’avance, la visite virtuelle apporte une réponse à cette frustration », raconte Emmanuel Bobin. On l’a vu pendant le confinement, les visites virtuelles de musées ont trouvé leur public. « Il y a une vraie appétence pour ces usages », déclare le directeur d’OTL.