Dans le cadre du plan de continuité pédagogique, les enfants peuvent suivre leurs cours depuis chez eux grâce à des plateformes éducatives. Pourtant, au moment de se connecter certains élèves manquent à l’appel. Parmi eux, les mineurs placés suite à une décision judiciaire.
Placés en famille d’accueil ou dans des maisons de l’enfance, ces élèves n’ont pas toujours accès à un équipement numérique. Des opérations se mettent en place pendant le confinement, pour assurer le bien-être et la continuité pédagogique de ces enfants. C’est le cas des services éducatifs et de solidarité des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines qui se mobilisent. Grâce à leur opérateur Seine-et-Yvelines Numérique, ils équipent en tablettes les mineurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance. Laurent Rochette, directeur général délégué de Seine-et-Yvelines Numérique nous parle de ce dispositif.
Des tablettes pour aider les enfants placés
Les enfants placés sous décision judiciaire connaissent des difficultés importantes dans leur vie familiale. Souvent victimes de violences psychologiques, physiques voire sexuelles, ils sont retirés à leurs parents. Très vite après la mise en place du confinement, s’est alors posé un problème pour ces jeunes placés en famille d’accueil ou en foyers. « Imaginez, ce sont des enfants qui ont un historique personnel difficile. Donc qui ont vraiment besoin de s’exprimer physiquement. Dehors de préférence. Et là on les confine. C’est vraiment la double peine », nous confie Laurent Rochette.
À la question du bien-être psychologique de ces mineurs s’ajoute le sujet de l’école. Car ils sont aussi des élèves. Or, les foyers ne sont pas tous équipés pour permettre à chaque enfant de suivre des cours à distance. Dès lors, comment assurer la continuité pédagogique ? « Parce qu’il est évident que les enfants ne vont pas travailler à tour de rôle. »
Face à cette problématique, l’opérateur Seine-et-Yvelines Numérique s’est mobilisé. « Grâce à notre processus et au stock de matériel dont nous disposions, nous avons pu en quelques jours mettre au point un projet de déploiement massif de 1 200 tablettes pour les foyers et les assistantes familiales dans les Yvelines et les Hautes-Seine », explique Laurent Rochette.
Sur celles-ci l’opérateur installe des logiciels pédagogiques mais aussi un certain nombre d’applications de loisir. Ainsi, les jeunes peuvent à la fois suivre leurs cours à distance, se divertir et maintenir le lien avec leurs parents et leurs amis. « Notre récompense, c’est le sourire sur le visage des enfants quand on livre ces outils dans les foyers. Mais aussi les remerciements des éducateurs, pour qui la vie n’est pas facile en ce moment », ajoute Laurent Rochette.
Covid-19 : révélateur d’inégalités face au numérique
La crise sanitaire telle qu’elle est vécue par les enfants placés révèle des inégalités face à l’outil numérique et à l’accès à internet. « Il y a encore des gens, qui vivent dans des zones reculées, qui ont des problèmes de connexion internet. Tout cela met en lumière l’impérieuse nécessité d’accélérer le déploiement du très haut débit dans toutes les zones. Pas seulement les zones urbaines. »
Laurent Rochette constate également, que les maisons de l’enfance, comme certaines familles, ne disposent pas toujours d’un équipement informatique suffisant. Et si certaines tribus bénéficient d’un ordinateur par personne, ce n’est pas le cas partout. Dans beaucoup de familles, un seul ordinateur, parfois vieillissant, sert à tout le monde. Dès lors, cette question d’égalité face au numérique, si elle existe en dehors du confinement, prend tout son sens aujourd’hui. « À partir du moment où le numérique prend une certaine importance, n’y a-t-il pas la nécessité d’avoir un équipement pour chaque élève ? »
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