Quel exercice compliqué que le confinement. Rester enfermé toute la journée sans pouvoir profiter du soleil printanier. Pourtant quel plaisir, en mettant le nez à la fenêtre, d’entendre enfin… le silence.
L’Homme ayant déserté les rues, les routes et les chemins, la nature reprend ses droits. Lorsque s’essouffle enfin le murmure incessant de la vie humaine, quand s’interrompt le concert dissonant des moteurs et des sirènes, c’est le silence qui s’installe. Et alors, place à l’émerveillement.
Spectacle hors du commun, des dauphins ont été aperçus nageant joyeusement dans le port de Cagliari en Sardaigne.
Image apaisante, les eaux redevenues limpides des canaux de Venise laissent apparaître les poissons habituellement cachés sous la vase.
Scène pittoresque, des canards ont élu domicile au beau milieu de la Grande Place à Lille.
Paysage inattendu, on découvre que sous leur voile jaunâtre se cachent des villes chinoises rayonnantes.
Fait extraordinaire, les services de propreté de la ville de Paris sont désemparés face à des rues qu’ils n’ont jamais vues aussi propres. Et de la fenêtre, en plein coeur du 18ème arrondissement on entend chanter… les oiseaux ?
Même à la campagne, que l’on pensait épargnée par la pollution sonore, les riverains, la bouche bée et l’oreille tendue, constatent émerveillés qu’ils n’entendent plus rien. Seulement la nature.
Puisque nous avons du temps, nous reprenons notre âme d’enfant. Nous apprécions enfin cette symphonie silencieuse d’un monde mis sur pause. Au fond de nous, l’espoir ténu que, malgré tout le mal qui a déjà été fait, la nature trouvera toujours le moyen de prendre le dessus. Et pendant que certains s’interrogent sur leur empreinte écologique, d’autres contemplent ce calme retrouvé en sachant qu’il est compté. Une musique entêtante et quelques paroles très à propos leur reviennent alors : enjoy the silence…