En contact direct avec le client, les employés de supermarchés sont désormais également en première ligne face à l’épidémie de Coronavirus. Témoignage de Paul* et Youssef*, employés pour l’un dans une chaîne internationale de magasin exploitée par un franchisé et pour l’autre dans une enseigne de commerces alimentaires de proximité appartenant à un grand groupe.
Cellophane devant des caisses
Face à l’adversité, certains employés ont décidé de s’unir « On a créé un groupe WhatsApp avec tous les responsables de la chaîne pour s’échanger des informations et astuces » confie Youssef.
Ainsi pour pallier le manque de masques, dans certains supermarchés de la capitale, le film plastique fait office de protection devant les caisses « On a entouré la caisse de cellophane pour éviter le maximum le contact avec les clients C’est une technique qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux et que l’on a adopté de notre propre chef dans le magasin. » ajoute Paul tout en déplorant le côté « artisanal » de l’initiative.
Il évoque aussi les tentatives du responsable du magasin pour protéger ses employés « Hier matin, mon responsable a acheté à ses frais, l’équivalent d’un gel hydroalcoolique pour toute l’équipe »
Une gestion qui pose question
Mais au-delà du manque de mesures mises en place, c’est surtout l’indifférence de la hiérarchie qu’il dénonce « Le plus difficile reste le manque de considération de mes supérieurs. Le détenteur de la franchise n’a pas daigné nous envoyer un message pour nous soutenir durant cette période. La seule communication, qui nous ait été transmise, l’a été via mon responsable. C’était après l’allocution de Macron au 20h. Le message nous rappelait qu’il fallait remplir notre rôle d’utilité publique et qu’ils nous attendaient au travail le lendemain aux mêmes horaires. Comme pour nous rappeler que si nous ne venions pas, nous manquions à nos devoirs » analyse Paul.
Pour ce dernier, il s’agit là aussi de protéger ses proches « ma femme est confinée et lorsque je sors travailler sans protection je l’expose aussi ».
« La priorité est évidemment le corps médical » insiste Paul avant de conclure « mais nous sommes également exposés. On veut ouvrir dans de bonnes conditions »
*Les prénoms des deux témoins ont été modifiés