Comment l’épidémie du Coronavirus a commencé ? Quelles sont les conséquences sur l’économie et la société ? Eléments de réponses.
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Début janvier, sur fond de grève contre la réforme des retraites, le Coronavirus fait son apparition dans les médias français. Cantonné à la Chine, et principalement à Wuhan, le virus ne semble pas encore inquiéter la communauté internationale et encore moins l’hexagone. « Il n’y a pas d’épidémie en France, même pas de chaîne de transmission dans notre pays et aucune circulation du virus sur le territoire », a même assuré, le 4 février dernier, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Pendant ce temps le virus se propage peu à peu dans l’ex empire du milieu et les pays limitrophes.
Mesures prises en France et à l’international
Partout dans le monde, les réactions face à ce que l’OMS qualifie désormais de pandémie sont diverses et variées. En Chine, après avoir accusé les médecins qui ont révélé l’apparition du Coronavirus de propager de fausses rumeurs, le gouvernement prend peu à peu conscience de l’ampleur de ce dernier. Wuhan, épicentre de l’épidémie et de nombreuses villes sont mises en quarantaine mais le nouvel an chinois, synonyme d’un des plus grands déplacements de population, aura eu raison de ces mesures.
Le Covid 19 apparaît au Japon, à Singapour, en Corée du Sud et à Hong Kong. L’ancienne colonie britannique encore éprouvée par le SRAS, qui a fait plus de 300 morts en 2002-2003, prend des mesures extrêmes pour endiguer l’épidémie. Postes, banques, bureaux…seront fermés pour une durée indéterminée. Et dès début février, les premières pénuries ont lieu. Gel hydroalcooliques, antiseptiques et masques sont pris d’assaut. Mais plus curieux, les rayons de papier toilettes sont vidées dans tous les supermarchés de l’île.
Mesure européenne
En Europe, c’est l’Italie qui se retrouve touchée de plein fouet. Le 21 février, les médias annoncent 3 cas en Lombardie. En cinq jours, le nombre de cas de Covid-19 passe à 374. Dès le 11 mars, des mesures drastiques sont mises en place. Fermetures des bars et commerces, restrictions sévères de déplacement, confinement de la population…
La France a quant à elle été vivement critiquée pour sa gestion de l’épidémie. Fermeture des commerces et confinement de l’ensemble de la population d’un côté des Alpes, mais pas de l’autre… le stade 3 de l’épidémie n’avait toujours pas été officiellement décrété en France dans l’après-midi du jeudi 12 mars. Pourtant, le bilan du mercredi 11 mars fait état de 2 281 personnes contaminées depuis le début de l’épidémie en France, dont 105 dans un état grave, et de 48 décès. Jeudi 11 mars, dans une allocution télévisée, Emmanuel Macron annonce enfin une série de mesures fortes visant à freiner l’épidémie due au coronavirus sans pour autant se prononcer sur la fermeture des commerces, bars et restaurants. La mesure sera finalement imposée par Edouard Philippe, samedi 14 mars 2020.
Conséquences sur l’industrie (en France et à l’international)
Le coronavirus est également en train d’avoir raison de la croissance française. La Banque de France a annoncé lundi 9 mars 2020 qu’elle ne tablait plus que sur une progression du PIB de 0,1 % au premier trimestre. En effet, les différentes chaînes de production de l’industrie sont déjà mises à mal. Et les conséquences, encore difficilement quantifiables, se sont ressentis très tôt. Selon Les Echos, les usines Fiat ont fermé en Italie. Une situation suivie de près par PSA avec qui le constructeur doit fusionner.
Le groupe Kerring qui réalise la majorité de sa production en Italie risque également a été impacté tout comme les autres groupes de luxe. Le pays est le centre névralgique de la chaussure de luxe. Vuitton a une manufacture géante près de Venise. Et son autre griffe Céline a inauguré l’an dernier un second site de maroquinerie en Toscane. Le chausseur, Christian Louboutin recourt lui aussi à des ateliers italiens. En Chine, où de nombreuses usines ont fermé menaçant les chaînes de productions de plusieurs entreprises françaises, l’activité reprend partiellement mi-mars.
La Bourse en berne
En Bourse, les courtiers des événements imprévisibles qui font plonger les marchés, se sont multipliés et ont fait tomber les cours des Bourses mondiales dans les abysses.
Avec -12,3% : le CAC 40 enregistre sa plus forte chute historique. Les grandes places européennes ont perdu entre 17% (Londres) et 20% (Paris et Francfort), L’indice Dow Jones a vu sa valeur baisser d’un dixième.
Le pétrole connait également sa pire chute depuis la première guerre du Golf et les réponses désordonnées des autorités ne parviennent pas à ramener les investisseurs à la raison. Mercredi, la baisse surprise de taux par la Banque d’Angleterre et les milliards promis par les diverses autorités échouent par exemple à redonner confiance. Jeudi, la décision de la Fed d’injecter des milliers de milliards de dollars pour permettre aux banques et aux entreprises de se financer se voit court-circuitée par la décision de Donald Trump de suspendre l’entrée des Européens de l’espace Schengen aux Etats-Unis pendant 30 jours.
Le 12 mars, Paris, Milan et Madrid enregistrent les plus fortes chutes de leur histoire. Pour Londres ou New York, c’est la pire séance depuis le krach boursier d’octobre 1987.
Vendredi, les places mondiales ont repris un peu de couleurs. Mais il est fort à parier que les récentes allocutions du gouvernement français vont renverser la vapeur. En effet, tout reste imprévisible à ce stade.
Les premiers impacts sur le tourisme
Pour endiguer la propagation du virus, de nombreux pays ferment leurs frontières. En France, Emmanuel Macron a proposé à l’Union Européenne (UE) de mettre en place dans les prochains jours des mesures de contrôles renforcés des frontières autour de l’espace Schengen et même de les fermer, afin d’éviter les mesures non coordonnées ». Des mesures déjà prises par de nombreux pays européens.
Hors UE, Le Maroc a également décidé, soudainement, d’arrêter les liaisons aériennes et maritimes vers la France laissant des milliers de ressortissants Français dans la confusion. L’Ukraine a aussi annoncé suspendre tous ses vols réguliers, et la Russie a réduit le nombre de ses liaisons aériennes avec l’UE. Singapour a interdit l’entrée et le transit aux voyageurs qui sont passés au cours des quatorze derniers jours par l’espace Schengen.
Selon C News, les agences de voyages et les tours-opérateurs tirent la sonnette d’alarme, évoquant des baisses d’activités historiques. Les tours-opérateurs constatent une réduction de l’activité en février de près de 25 %. Soulignant une diminution accrue sur la dernière semaine de moins 60 % qui s’accompagne d’un risque majeur d’annulations et de reports des commandes enregistrées. Le transport aérien devra aussi faire face à des pertes financières abyssales. L’association internationale du transport aérien estime entre 63 et 113 milliards de dollars. Les pertes potentielles pour le marché de l’aérien, soit 1/3 du chiffre d’affaires de l’ensemble du marché dans le pire scénario.
Bilan écologique
La nette diminution du transport aérien et la fermeture de nombreuses usines ont des conséquences significatives sur le bilan écologique. En Chine, la Nasa a observé une baisse significative du taux de pollution. Un phénomène également observé en Italie. Mais l’impact de la surproduction et de l’utilisation de nombreux sanitaires et de bouteilles de gels hydroalcooliques posent questions.
De nouveaux modèles et entreprises émergent
Télétravail, télémédecine…De nouveaux modèles émergent et l’activité de certaines entreprises se retrouve boostée en cette période de quarantaine.
Le cabinet américain MKM Partners a ainsi publié une liste de 30 sociétés mondiales « pouvant potentiellement tirer bénéfice d’un monde avec des personnes mises en quarantaine ». En plus des plateformes de streaming comme Netflix, les marketplace Amazon et Alibaba sont en premières lignes. Les entreprises à l’origine d’outils pour faciliter le travail à distance comme Slack ou Workplace ou encore les outils de visioconférences sont aussi très prisés.