Lundi dernier, Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, annonçait sur Instagram le lancement de son Bezos Earth Fund pour lutter contre le réchauffement climatique. La dotation de départ, provenant directement de la fortune personnelle du patron d’Amazon, s’élèverait à 10 milliards de dollars.
Alors qu’en 2017 Jeff Bezos sondait la twittosphère sur ses ambitions philanthropiques, c’est bien sur Instagram que le milliardaire casse les codes des annonces financières. Entre coup de com’ et élan philanthropique, retour sur une communication virale qui interroge.
« Le changement climatique est la plus grande menace pour notre planète. Je veux travailler avec d’autres pour amplifier les moyens connus et pour explorer de nouvelles façons de lutter contre l’impact dévastateur du changement climatique sur cette planète que nous partageons tous. »
En septembre 2019, Jeff Bezos s’était déjà engagé à ce que le groupe mette en place plusieurs initiatives écologiques. Parmi celles-ci, la neutralité carbone d’ici à 2040, l’adoption des énergies renouvelables à 100% d’ici à 2030. Ou encore l’achat de 100 000 véhicules électriques d’ici à 2024. La création de ce fonds s’inscrit donc dans une suite logique d’engagement pour l’environnement…ou bien de communication pour reverdir le blason du géant américain.
« Cela nécessite une action collective des grandes et petites entreprises, des États, des organisations mondiales et des individus. »
L’action est bien sûr généreuse et louable, les premières subventions devraient d’ailleurs être attribuées cet été à des chercheurs. Des militants et des ONG portant des projets de lutte contre le réchauffement climatique. Et pourtant, le doute quant au double jeu de cette initiative plane. En effet, elle intervient 20 jours après que 300 salariés d’Amazon ont signé un texte reprochant au groupe sa politique environnementale. La fin de l’année 2019 a également été marquée par les marches pour le climat, les interventions de Greta Thunberg et les boycotts du Black Friday, qui ont fait d’Amazon la cible de nombreuses critiques et actions contre la surconsommation. Et pour cause, le géant des GAFAM représente 44 millions de tonnes de CO2 par an, soit 10 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France selon Climate Watch.
Une annonce détonnante, une opinion publique perplexe…l’avenir du Bezos Earth Fund dépendra de la sincérité de son plus grand donateur.