Ça a commencé par un mail, et une proposition d’interview. Sébastien de Lafond, co-fondateur et CEO de Meilleurs Agents, était invité au Salon des Entrepreneurs pour participer, avec Valérie Pécresse, à une table ronde. Le thème : Ces entrepreneurs français qui brillent à l’international. Il était disponible, nous aussi. Entretien privilégié.
C’est quoi, au fond, être un entrepreneur français qui brille à l’international ?
Il faut garder une certaine modestie face à ce type de qualificatif. Le fait est que le marché français est, par essence, limité et ne permet pas forcément d’atteindre une taille et une dimension suffisante pour réussir. Pour grandir, il faut donc franchir les frontières. Dans l’univers des start-up, Meilleurs Agents est un animal singulier car pas encore international après 12 ans d’existence. Notre mission : apporter la confiance et transparence sur le marché de l’immobilier considéré comme opaque et complexe. On le fait en étant une plateforme qui donne les bonnes informations aux particuliers, qui assure une transparence sur les prix de l’immobilier et qui permet aux professionnels du marché de profiter de notre audience. Meilleurs Agents a maintenant 12 ans et compte 300 collaborateurs. Se limiter au marché français, d’une certaine façon, c’était une frustration.
C’est là qu’est intervenu Axel Springer. Notre décision a été à la fois industrielle et stratégique. En intégrant Axel Springer, on a rejoint un groupe disposant d’une force de frappe considérable, y compris sur notre propre marché. Cette association nous permet d’exporter notre savoir-faire, basé sur la data science. On va pouvoir aller très vite et engager un fort développement de Meilleurs Agents à l’international à commencer par l’Allemagne.
Aller vite, concrètement, ça veut dire quoi ?
D’abord il faut savoir que l’immobilier est un marché relativement lent. Immobile au sens littéral. On n’achète pas un bien immobilier comme un produit de consommation lambda. Notre stratégie de plateformisation marque quand même une véritable rupture, une accélération. L’avenir du marché est là. C’est ce qu’a très bien compris, et anticipé le Groupe Axel Springer. C’est d’ailleurs la force de notre rapprochement. Il ne s’agit pas simplement d’un exit de 200 millions d’euros, mais d’un alignement. Saint Exupéry disait « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction ». C’est notre cas. C’est notre force. Nous avons la conviction que le modèle des sites d’annonces va évoluer, et nous souhaitons être des moteurs de cette transformation.
On a beaucoup parlé de cet exit, qu’en retenez-vous ?
Il y a bien sûr des éléments financiers. Nous avons fait gagner 17 fois leur mise à nos partenaires. C’est forcément un élément de satisfaction. Mais ce que je retiens, ce qui fait sens, c’est la réelle convergence de vision et d’intérêt. Ce n’est pas une simple vente, c’est une véritable stratégie industrielle. Nous sommes engagés sur un chemin de croissance, et il y a encore beaucoup à faire. Notre solution rassure les consommateurs, remet de la confiance au cœur du marché. Tout le monde est gagnant. Nous pensons avoir une réelle utilité.
Cette idée d’utilité a été mise en avant par la loi Pacte, comment y avez-vous réagi ?
Honnêtement, j’ai trouvé ça génial. Comme une évidence. J’ai lancé différentes entreprises. Je suis revenu en France à 40 ans avec Meilleurs Agents. J’ai tout risqué parce que j’avais une conviction. Celle qu’à mon échelle, je pouvais agir. Que je pouvais proposer un modèle plus coopératif, bénéficiant à chacun. Je suis très attaché à cette notion de succès partagé. Plus généralement, en tant que chef d’entreprise, il faut être très clair sur sa vision et ses valeurs dès le premier jour. Que vous ayez 4 salariés ou 300, le défi est le même. Il faut savoir s’entourer des meilleurs, les garder, les faire grandir et les écouter. C’est la clé.