Le 22 janvier dernier était une date anniversaire. France et Allemagne signaient, il y a bientôt 60 ans, le traité de l’Elysée et actaient la réconciliation des deux nations. Aujourd’hui, alors que l’Allemagne, depuis réunifiée, fait figure, à tort ou raison, de grande gagnante de la construction européenne, Boris Lombard, président de la filiale française du constructeur industriel allemand KSB nous éclaire sur la véritable nature des relations économiques franco-allemandes.
Bpifrance vient de publier une étude sur la coopération franco-allemande. Etude qui, contrairement à ce que pourrait penser l’opinion publique, révèle des liens économiques très étroits entre les deux pays. Est-ce une surprise pour vous ?
Non, je ne suis pas étonné. KSB s’est implanté en France en 1951 puis, au fil des rachats successifs, a construit ce qui est aujourd’hui la filiale française, filiale la plus importante du Groupe. La famille fondatrice était très francophile et certainement animée par une curiosité légitime pour le pays voisin, en cette période d’après-guerre. D’un point de vue capitalistique, il s’est donc agi de rachats d’entreprises françaises, mais la particularité repose dans l’organisation symbiotique des sites de production qui en a résulté. Chacune des 4 usines françaises intègre la R&D, la fabrication et le support commercial, et joue le rôle de centre de compétences mondial pour une gamme de produits spécifiques.
On pointe souvent, et peut-être à tort, le coût du travail et la capacité d’adaptation au marché comme des handicaps structurels de l’économie française, qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas mon impression au vu du développement de KSB en France. La preuve en deux exemples : en 2015, le groupe a décidé de développer une nouvelle gamme de vannes à La Roche Chalais, en Dordogne, et a investi 25 millions d’euros. L’arbitrage a été fait en faveur de la France plutôt que de la Corée, parce que nous avions les compétences. Quant à l’usine de Lille, qui fabrique des pompes d’assainissement, elle se place parmi les sites les plus compétitifs du Groupe. En outre, il me semble que les coûts de travail sont assez comparables entre nos deux pays. Nous sommes tout à fait en mesure de produire le même niveau de qualité avec le même niveau de productivité.
L’urgence climatique est aujourd’hui un défi majeur qui nécessite inévitablement une forte collaboration des Etats, et a fortiori du couple franco-allemand. Comment y répond-on concrètement ?
C’est une préoccupation du Groupe KSB depuis dix ans maintenant, qui s’appuie sur toutes les formes de coopération. D’une part, nous nous appliquons à réduire l’impact écologique de nos usines de production. Nous avons une trajectoire pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 30% à horizon 2025. D’autre part, nous sommes très attentifs à la consommation électrique des pompes pendant leur durée de vie. Qui constitue 90% de leur empreinte écologique. La commission Européenne a contraint l’ensemble de la profession à fabriquer des systèmes de pompage à haute efficacité énergétique avec des effets majeurs. 7 ans après l’introduction de la norme, nous estimons les économies réalisées chaque année sur les seuls circulateurs de chauffage. A l’équivalent de la consommation électrique de l’Irlande.
Aujourd’hui, KSB va plus loin en dépassant les critères d’efficience énergétique définis par la commission européenne. En s’appuyant sur les Certificats d’Economies d’Energie afin d’accélérer le mouvement vers la transition écologique.