Matera l’affirme, seuls 10% des propriétaires sont satisfaits de leur syndic. Coûts élevés, manque de réactivité comme autant de griefs récurrents adressés aux professionnels du marché. Créée en 2017, et boostée par une levée de fonds de 10 millions d’euros, Matera se propose donc de relever ce défi un peu fou : réconcilier les français et leur syndic. Comment ? Explications avec son co-fondateur Raphaël Di Meglio.
1 – Comment expliquer le désamour historique entre syndic et propriétaires ?
Le marché des syndics génère depuis longtemps une grande insatisfaction : honoraires élevés, temps de réponse trop lent, manque de transparence, etc. Pour preuve, en 2017, seuls 39 % des propriétaires d’appartements interrogés par l’association de consommateur CLCV se disaient « satisfaits » de leurs prestations.
2 – Comment séduit-on une population de propriétaires, potentiellement rétive au changement, quand on est une jeune start-up ?
Je pense que les propriétaires sont en quête d’alternatives pour pallier les carences des syndics traditionnels (qualité de services, prix élevés, divergences d’intérêts avec ceux des copropriétaires). Je le dis parce que je l’ai moi-même vécu. Pour la petite histoire, l’idée de créer Matera est venue suite à la réception d’un appel de fonds qui, malgré ma formation de juriste, m’a semblé flou. C’est ainsi que réinventer le modèle de gestion des syndics professionnels et proposer une solution plus claire, plus simple et surtout moins onéreuse est devenu mon ambition.
Plus concrètement, pour séduire les propriétaires, nous combinons les services d’une plateforme en ligne – pour faciliter, fluidifier et rendre plus conviviale la communication entre copropriétaires et l’accompagnement illimité et sans frais supplémentaires par des experts (comptabilité, juridique, assurances, gros travaux). L’objectif : assurer aux propriétaires une gestion optimale de leur copropriété.
3 – Comment le marché « traditionnel » se positionne-t-il face à de nouveaux acteurs tels que Matera ?
Les propriétaires ont accueilli notre modèle et notre proposition de se passer d’un intermédiaire pour gérer leur copropriété avec enthousiasme. En 2 ans d’existence, ce sont plus de 25 000 propriétaires qui nous font confiance. Ils vivent dans des copropriétés de toutes tailles et situées partout en France métropolitaine et même dans les DOM-TOM. Nous accompagnons par exemple des copropriétés de 230 copropriétaires à Paris, 115 copropriétaires à Nantes, 180 à Marseille, 50 à Pau.
Pour ce qui est des promoteurs immobiliers, nous travaillons avec certains leaders, comme Eiffage ou Bouygues Immobilier, mais également avec de petits opérateurs, afin notamment de faciliter la gestion de la livraison et des levées de réserve pour les copropriétés neuves. Dans le neuf, nous constatons une importante volonté de se passer des syndics « traditionnels ».
4 – Vous venez d’annoncer une levée de fonds de 10 millions d’euros, quelles sont les prochaines étapes ?
Avec cette levée de fonds nous ambitionnons de développer notre offre de services et de nous déployer dans des pays limitrophes comme l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne. Ces pays disposent de régimes juridiques similaires au nôtre, ce qui nous permet d’exporter notre modèle.
L’enrichissement de notre offre passera également par le lancement d’une application mobile et l’ajout de nouveaux services comme la renégociation des contrats (assurance, ménage, maintenance des ascenseurs), la gestion des gros travaux, etc.
Enfin, nous prévoyons de doubler nos effectifs d’ici la fin de l’année.