Il y a les anti et les pro-business plan. Et puis il y a toutes ces petites phrases contradictoires qu’on entend et dont on ne sait plus trop quoi penser. Tirons le vrai du faux avec Alain Fayolle, professeur distingué en entrepreneuriat à l’EM Lyon Business School.
Phrase n°1 : « Ça ne sert à rien »
Ah bon ? Soyons clairs : tout l’intérêt du business plan (BP) réside dans sa démarche. Celle de se poser des questions, de réfléchir au projet de manière approfondie, complète, et d’apporter des éléments de réponse. Qui pourrait s’en passer ? Le business plan est même parfois considéré comme l’alpha et l’oméga de la création d’entreprise… Ce qui est un peu l’excès inverse. Ne le mettons pas sur un piédestal ! Cet outil permet de balayer toutes les dimensions d’un projet (marché, stratégie, partenaires, technologie, prévisions des chiffres d’affaires et des charges, coût du projet, ressources financières, rentabilité, etc.), mais ce n’est pas une boussole pour autant !
Car bien sûr, ce qui caractérise toute création d’entreprise, c’est l’incertitude. D’autant plus si le niveau d’innovation des produits ou services est élevé. Et plus l’incertitude est grande, moins le business plan est « utile » ! Enfin ça, c’est quand on le considère comme un document à suivre à la lettre, du démarrage jusqu’au succès. Concrètement : le BP ne permet pas de se repérer en toutes circonstances et dans tous les cas de figure. Il se construit plutôt au jour le jour. « Il faut avoir cette capacité, cette humilité à vivre des situations totalement différentes de celles qui avaient fait l’objet de prévisions », affirme Alain Fayolle, professeur distingué en entrepreneuriat.
Phrase n°2 : « Je vous recevrai mais envoyez-moi votre business plan d’abord »
Il faudrait donc montrer patte blanche, un peu comme avec un CV ? Il existe différentes catégories de financeurs. Au-delà des réseaux de banques, les spécialistes de la création d’entreprise comme les business angels et les sociétés de capital-risque savent bien ce qu’est un business plan… et ce qu’il n’est pas. Pour eux, il n’est pas déterminant (mais ce n’est pas pour ça qu’ils ne le demanderont pas…). Cette utilisation est proche de celle définie plus haut : l’importance de la démarche et non des données.
En revanche, certains financiers et banquiers considèrent ce dossier comme une nécessité absolue, un passage obligé pour réussir une création d’entreprise. La visée prévisionnelle du business plan projette, de fait, l’entrepreneur dans le futur. Le dossier financier se veut alors bien développé, sur plusieurs années, avec un compte de résultat, un plan de financement, un plan de trésorerie, etc. Tout cela rassure les investisseurs. Abouti et structuré, avec des données économiques et financières claires, le BP permet à l’investisseur de comprendre la création de valeur du projet et son potentiel, d’évaluer les risques, d’identifier la manière dont il peut intervenir, et quelles garanties il peut obtenir. Il vérifie également que le projet correspond à la vocation de sa société d’investissement. Conclusion, on joue le jeu !
Phrase n°3 : « C’est trop tôt, vous allez griller vos chances »
Sous-entendu : votre business est prometteur mais le BP, pas assez abouti pour une levée de fonds. Commencez par l’admettre et retournez sur le terrain pour approfondir votre étude de marché et corriger votre stratégie commerciale. Allez à la rencontre de ceux qui pourraient avoir un intérêt vis-à-vis du produit ou du service, et affinez en fonction. Essayez de mieux cerner les besoins et les attentes de vos clients, de voir comment améliorer le produit et/ou le service que vous avez en tête, démontrez votre avantage compétitif et mettez à niveau le business plan. Inutile de rester dans son bureau à cogiter.
Et donc, quel est le bon timing ? N’oublions pas que le business plan n’est jamais totalement finalisé. C’est un processus itératif. Il s’adapte à ce qu’on observera au fur et à mesure, ce qui fonctionne ou non, les avis recueillis à chaque étape, etc. Il y a alors les dossiers rédigés pour aller chercher les fonds d’amorçage (stade très en amont), d’autres utilisés lors de la création de l’entreprise et ceux liés à son développement, à un an, 18 mois, deux ans, etc. Ce qu’il faut retenir : un business plan est prêt à être présenté lorsque toutes les contradictions et incohérences ont été éliminées.
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