Tourné vers la Tech, le fonds ISAI occupe une place singulière dans le paysage de l’investissement. Avec un ADN entrepreneurial revendiqué. Dans son portefeuille, la pépite du covoiturage, BlaBlaCar.
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Si elle n’est pas un passage obligé, la levée de fonds est souvent déterminante pour accompagner le démarrage d’une startup ou l’aider à passer un cap et se développer. En France, l’exercice a longtemps été difficile pour les entrepreneurs, faute d’une offre de financement suffisamment large. Mais les choses changent et la capacité hexagonale à lever des fonds pour soutenir l’innovation ne cesse de s’affirmer depuis quelques années. Un nouveau record a d’ailleurs été atteint en 2018, année durant laquelle le capital-investissement français a réussi à collecter 18,7 milliards d’euros.
Dans ce paysage, ISAI occupe une place particulière. L’entreprise, dont le nom signifie « différent » en japonais, se revendique en effet comme un fonds d’entrepreneurs. Elle a été cofondée en 2010 sur l’idée de réunir des investisseurs issus du monde de l’entreprise, plutôt que des financiers purs.
Ainsi, à l’origine d’ISAI, on retrouve Geoffroy Roux de Bézieux, actuel Président du Medef (à l’époque dirigeant de Virgin Mobile), Pierre Kosciusko-Morizet (Price Minister), Stéphane Treppoz (Sarenza) et Ouriel Ohayon (Tech Crunch France, Appsfire). « Ce sont des chefs d’entreprise qui, après avoir gagné de l’argent, ont souhaité le réinvestir dans une nouvelle génération d’entrepreneurs », souligne Jean-David Chamboredon, lui-même acteur du capital-risque depuis de longues années, actuel Président exécutif d’ISAI Gestion et par ailleurs co-Président de l’association France Digitale.
Venus des technologies de l’information et de la communication ou de l’internet. Les co-fondateurs connaissent bien les challenges de l’aventure entrepreneuriale pour les avoir vécus. Cette capacité à raisonner comme des entrepreneurs n’est pas anodine et peut faire la différence lorsque les candidats au financement décident de qui participera au tour de table. En matière de capital-risque, savoir bien se choisir vaut pour les deux parties.
Capital-risque et Capital-développement
La cible de prédilection du fonds ? Les entreprises digitales à fort potentiel, qu’elles soient en phase de démarrage (capital-risque, ticket de 150k€ à 2M€ avec participations aux tours successifs). Ou qu’elles aient déjà atteint la maturité (Tech Growth / LBO, tickets de 5M€ à 30M€).
Aujourd’hui, le fonds assemble une communauté de plus de 250 entrepreneurs à travers le monde et a plus de 300 millions d’euros sous gestion. Creusant son sillon dans le monde de la Tech. L’entreprise a annoncé, en juin 2019, s’être associée à Capgemini pour créer Isai Cap Venture. Un nouveau fonds d’investissement doté de 90 millions d’euros et dont la gestion est confiée à ISAI. Dans leur viseur : les startups et scale-up du logiciel BtoB, partout dans le monde mais prioritairement en Europe.
Un investisseur se trompe une fois sur quatre
Parmi les succès d’ISAI, la mise sur orbite de la pépite du covoiturage. BlaBlaCar, sur laquelle le fonds a su miser dès 2010. Le pari était d’autant plus audacieux que les premières années d’une startup sont évidemment les plus périlleuses. Mais ISAI, revendiquant son ADN entrepreneurial, affiche une certaine appétence pour le risque. « Il fait partie intégrante de notre métier », rappelle Jean-David Chamboredon. « D’expérience, on peut dire que l’on se trompe une fois sur quatre. L’argent investi est alors définitivement perdu si l’entreprise disparaît. Mais dans une gestion d’ensemble, ce sont les trois autres dossiers, profitables, qui permettent de faire fonctionner l’activité ».
Et un échec déjà essuyé par un entrepreneur ferme-t-il la porte ? Non, selon le Président exécutif d’ISAI, pour qui il faut savoir ne pas décourager les innovateurs. « On apprend beaucoup des échecs. Vivre une telle situation peut être fort émotionnellement, affectivement et personnellement. Mais quelqu’un qui sait dresser un bilan précis de son échec est plus fort pour entreprendre à nouveau ».