A la question posée sur nos réseaux : « Seriez-vous prêts à laisser votre smartphone pendant les congés ? », vous avez été une majorité à répondre : non, impossible ! Les méfaits de l’hyperconnexion sont pourtant aujourd’hui prouvés et non sans conséquence sur la santé ou le business.
« Impossible de faire sans téléphone. Néanmoins, j’ai supprimé toutes les applis consommatrices de temps (mails, Slack, LinkedIn, Facebook, Twitter…). Et pour une véritable détox, la seule solution qui fonctionne pour moi, c’est de partir dans un pays sans connexion internet (ou quasiment) », répond Sylvain Tillon, entrepreneur et co-fondateur de Tilkee, à notre appel à témoins sur les réseaux. A-t-il choisi une petite île perdue pour ses congés cette année ? La tentation du smartphone a peut-être été trop forte. D’ailleurs, n’est-il pas plus stressant, pour un entrepreneur, de ne pas lire ses messages, de laisser aller son business et son équipe en pilote automatique pendant un temps, plutôt que de rester connecté ?
Syndrome de la main vide
Non, lance Coco Brac de la Perrière, coach, maîtresse de conférences et autrice de trois livres sur l’hyperconnexion et ses dangers*. Elle organise notamment des ateliers de digital detox en entreprise. « On peut tous se raconter des histoires, comme : « je viens juste de monter ma boîte, je ne peux pas faire de pause ». » En réalité, la simple peur de manquer une info ou simplement d’être séparé de son smartphone (nomophobie) constituent le plus souvent les irrationnelles raisons. C’est le syndrome de la main vide. Et c’est un phénomène inconscient la plupart du temps. Il n’y a qu’à voir la nouvelle génération, qui n’a pas vécu sans écran : le téléphone est devenu la prolongation de son bras ! On sait aujourd’hui que cela créé une addiction telle, qu’elle est comparée à celle occasionnée par la cocaïne. Et c’est sans parler des troubles de l’attention et des neurones qui se détruisent beaucoup plus rapidement.
Burnout digital
Vous avez peut-être déjà subi ce genre de troubles. Des palpitations, problèmes de vue, maux de cou ou aux pouces, troubles du sommeil… Les études sur l’hyperconnexion et son impact sur la santé pullulent désormais. On sait notamment que les écrans augmentent les dépressions et les troubles du comportement. Coco Brac de la Perrière parle d’épidémie silencieuse et utilise l’expression « burnout digital ». En cause : infobésité, instantanéité, manque de frontières entre le travail et le temps personnel (qui ne revendique pas son droit à la déconnexion)… Également : le manque d’éducation digitale. Pensons aux notifications, quelles soient sonores ou visuelles, ou au phubbing par exemple ; le fait de snober la présence d’un tiers en utilisant son téléphone devant lui. Cette pollution, toxique, prend de l’espace et empêche une bonne relation à l’autre.
Comment trouver un juste milieu ?
Il s’agit dans un premier temps d’être clairvoyant par rapport à sa « relation » au digital. Se sent-t-on addict, dépendant, équilibré ? Addict, c’est ne pas pouvoir se passer d’un smartphone plus de deux heures et ressentir une batterie de manques. Equilibré, c’est passer autant de temps dans l’IRL (in real life) que dans l’URL, comme l’explique Coco Brac de la Perrière, qui a récemment créé un programme de mindfulness digital detox pour la désormais célèbre application Petit Bambou. « L’idée ce n’est pas d’être déconnecté totalement mais de l’être totalement, pendant un temps, nous dit-elle. La vraie question, c’est : est-ce que vous seriez prêt à décrocher cinq heures par jour ou le week-end ? Il y a souvent une angoisse, une peur du vide alors que ce n’est pas du vide mais de l’espace. » L’experte conseille de commencer par de petits gestes et de se reconnecter à la nature, au corps, aux sensations. C’est diminuer la charge mentale et s’offrir une pause… ainsi qu’à son entourage.
Etre consciemment connecté
« Il faut que le sevrage soit doux, ludique et progressif », ajoute la créatrice du Digital detox institute. Par exemple : virer les applis inutiles, retirer les notifications, privilégier la qualité à la quantité, etc. C’est-à-dire être consciemment connecté. Doit-on rappeler qu’il n’y a pas urgence vitale à répondre instantanément à tous ses mails et qu’un client potentiel ne nous filera pas entre les mains parce qu’on a répondu quelques heures ou jours après ? C’est aussi faire confiance à ses collaborateurs, déléguer et responsabiliser. Lorsque les symptômes d’addiction sont prononcés (palpitations, crise d’angoisse, picotements au bout des doigts, yeux qui brûlent, respiration difficile ou défaut de concentration), n’hésitez pas à vous faire accompagner !
* Dont Déconnecte si tu oses, éd. Dunod, sortie septembre 2019
Pour en savoir plus sur la digital detox, rendez-vous au Village by CA (Paris), le 16 septembre de 19h à 20h, pour une conférence inspirante avec Coco Brac de la Perrière (gratuit sur inscription, cliquez ici). En partenariat avec Widoobiz.