Après la campagne audacieuse de Lime, c’est au tour de Circ de riposter. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette guerre commerciale que se livrent les acteurs parisiens de la trottinette électrique ? Éléments de réponses quelques jours après l’adoption du projet de loi sur les mobilités.
« Ras le c** des trottinettes », « Trottinettes de m**** », « Ils me font c**** avec leurs trottinettes »… Voilà, en substance, ce que marmonne un Parisien sur deux quotidiennement. Qu’elles soient jonchées sur les trottoirs ou lancées à vive allure sur les routes, les trottinettes provoquent l’ire des citadins, fortement agacés par le comportement inconséquent des usagers. Et ce, depuis un an.
Petit rappel des faits : introduite en juin 2018 dans la capitale, la trottinette est adoptée massivement par les citoyens. Il faut dire qu’entre la congestion automobile, l’arrêt soudain d’Autolib, et les dysfonctionnements répétés de transports en communs surfréquentés, l’ensemble de la population est lassé. La trottinette apparaît alors, aux yeux de certains, comme étant la solution idéale pour se déplacer. L’engouement est immédiat mais l’absence de réglementations conduit à quelques dérives majeures, notamment sur le stationnement des engins et la sécurité des utilisateurs et des piétons. Si aucun décompte national ne recense le nombre de blessés, les médias font régulièrement état d’une recrudescence d’accidents, dont un mortel début juin. Le constat est sans appel : à l’heure où la question des mobilités urbaines fait régulièrement débat, l’implantation des services en free floating (vélos, scooters, trottinettes) dans le paysage urbain doit être encadrée.
Lime, entre auto-dérision et responsabilisation
Conscient du problème, Lime, premier opérateur de trottinettes en libre-service à s’être implanté sur le marché, a décidé de prendre les choses en main. Début juin, l’enseigne lance une campagne de sensibilisation – pour ne pas dire de responsabilisation – à destination de ses consommateurs.
Pleine d’autodérision, l’opération fait mouche. Arthur-Louis Jacquier, directeur général France de Lime, multiplie alors les prises de parole. Sur le plateau de BFM Business, il rappelle que la trottinette, « ce n’est pas un jeu mais un mode de transport » et milite en faveur de plus de rigueur. Une campagne qui tombe à point nommé.
Face à l’anarchie, la Mairie réagit
Car du côté de la Mairie de Paris, la grogne monte… Le 6 juin dernier, Anne Hidalgo a donné une conférence de presse. Devant son pupitre, l’édile a déploré des comportements anarchiques et annoncé une série de mesures phares, visant à réglementer l’usage des trottinettes dans la capitale. Si l’autorégulation échoue, la ville de Paris se dit prête à éradiquer lesdites trottinettes.
Dans la foulée, la ville a encouragé les douze opérateurs qui se bataillent le marché à signer une charte de bonne conduite, en attendant la mise en application du projet de loi sur les mobilités. Par ailleurs, Anne Hidalgo a annoncé qu’après l’adoption définitive de la loi LOM, un appel d’offre serait lancé, permettant à 2 ou 3 opérateurs seulement de se partager le marché. Après avoir été longuement débattu à l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le texte vient d’être adopté.
La riposte de Circ
Alors que la menace de l’appel d’offre plane au-dessus des acteurs de la micro-mobilité. Lime entend bien se racheter une image auprès du public mais aussi et surtout des élus. Et il n’est pas le seul. Dans ce contexte où la concurrence fait rage, d’autres opérateurs ont décidé de se lancer dans une opération séduction, à l’instar de Circ. La semaine dernière, la compagnie a concocté sa propre campagne, en réponse à celle de Lime.
Une campagne en forme de tacle, qui repose sur trois axes. L’empreinte écologique, la précarité des salariés et le nombre de trottinettes déployées. Alors que Lime optait pour la pédagogie, Circ lui, prend le parti de la maturité. Mais sous couvert d’une déclaration de guerre. Lime et Circ espèrent convaincre la Mairie de Paris du bien-fondé de leur déploiement… Cela suffira-t-il à convaincre Anne Hidalgo ? Réponse dans les prochains mois.