De la Silicon Valley à Wall Street, le costume-cravate se fait plus rare au profit de tenues plus confortables. Un phénomène que l’on observe aussi dans l’Hexagone. Zoom sur les raisons de cette décontraction générale.
Avec l’arrivée des beaux jours, la question se pose de plus en plus dans les open spaces. Peut-on définitivement troquer son costume-cravate pour un jean-basket ? Une interrogation pas si saugrenue que ça. Depuis une dizaine d’années, on observe en effet une nouvelle vague de management qui ne privilégie pas la forme mais bien le fond en termes de code vestimentaire.
S’adapter aux nouvelles générations
Comme souvent lorsque l’on parle business, le phénomène nous vient tout droit des États-Unis et plus particulièrement de la Californie. Selon Anaïs Moutot, correspondante des Échos à San Fransisco, le ‘yoga pants’, pantalon stretch pensé pour les salles de sport, se répand de plus en plus dans la Silicon Valley.
Un avènement qui ne touche pas seulement les entreprises jeunes et innovantes. Les milieux de la finance et du droit vont aussi vers un « dress code moins strict », relate le quotidien économique. Exemple frappant : celui de la banque d’affaires Goldman Sachs. En mars 2019, cette dernière rendait le costume-cravate optionnel. Une manière de s’adapter aux attentes des nouvelles générations.
Un gain de productivité pour les patrons
Car l’arrivée du ‘casual friday every day’ est révélateur d’une évolution profonde de la société. « Les désirs des collaborateurs ont changé, de nouvelles générations de salariés arrivent avec une autre vision du monde du travail et de nouvelles formes de management en tête », précisait Arnaud Lacan, professeur de Management à la Kedge Business School de Marseille et spécialiste des nouvelles formes d’entrepreneuriat sur Widoobiz en février dernier. « Très concrètement, cela se remarque aussi par des codes vestimentaires moins rigides », poursuivait l’enseignant.
Cette évolution n’est pas bénéfique uniquement aux salariés. La fin du costume-cravate et ces évolutions manageriales ont aussi de réels intérêts pour l’employeur. « Il y a des résultats évidents sur la productivité et la qualité de l’engagement du personnel. Il y a moins d’arrêts maladie, moins d’absentéisme, moins de turnover et donc de meilleurs résultats économiques », détaillait Arnaud Lacan. De quoi en inspirer plus d’un.
Mais ce serait vite oublier les victimes collatérales de cette décontraction générale, les fabricants de fer à repasser et les pressings. Toujours selon les Échos, leurs revenus sont passés de 11 à 9 milliards de dollars entre 2010 et 2018 aux États-Unis. Un gain de productivité pour les uns donc, et une perte d’activité pour les autres.