( Best-of*) Contracter avec un investisseur, lorsque l’on crée une start-up, est l’assurance de bénéficier d’argent frais, mais ce n’est pas sans contreparties. Mieux vaut donc choisir avec soin celui/celle que vous ferez entrer au capital, en veillant à ne pas avoir le montant du chèque pour « seule boussole ». Voici quelques conseils pour vous aider à vous orienter.
Si vous vous êtes lancé dans l’aventure entrepreneuriale et a fortiori dans un projet innovant, vous aurez tôt ou tard besoin d’un apport en cash. Au risque sinon de devoir mettre un terme prématuré à votre belle idée.
En général, les néo-entrepreneurs commencent par s’auto-financer sur leurs fonds personnels, ou se tournent vers leurs proches (Love Money) ou encore contractent un prêt d’honneur.
Mais assez vite, les montants récoltés deviennent trop courts. Il faut recruter, booster son marketing, investir. Autant de besoins opérationnels qui nécessitent de faire appel à des investisseurs dans le cadre d’un premier tour de table (niveau seed). Ce rituel de passage, souvent vécu comme stressant, est un rendez-vous à ne pas rater parce qu’il va grandement conditionner la suite.
Préparez-vous à courir un marathon, en plus de devoir assumer le quotidien de votre boîte. A l’instar de l’épreuve sportive, cela va vous demander de la préparation, de la motivation et une gestion rigoureuse de votre temps. Pour ne pas vous épuiser en route, sachez doser votre effort en ciblant les « bons » investisseurs. Autrement dit, ceux qui seront les plus susceptibles d’être intéressés par votre projet et de bien vous accompagner, le plus loin possible. Si, bien sûr, vous pouvez vous permettre de faire le difficile. Voici six conseils pour optimiser votre parcours.
Conseil n°1 : Soyez ultra-préparés
Pour ne pas risquer de voir les (bonnes) portes se fermer et limiter votre capacité de choix, soyez très bien préparés. Commencez par bien vous situer, fixez-vous les bons objectifs en matière d’investissement et dressez une liste de vos investisseurs cibles. Ayez ensuite un dossier béton à présenter : business modèle, business plan, CV des fondateurs, profil de l’équipe, supports de communication très pro, etc. Faites des média-trainings pour vous préparer à l’art du pitch. Testez votre storytelling sur vos proches. Participez à des concours pour vous roder et profitez de l’occasion pour demander des conseils aux membres des jurys. Faites vous épauler par des professionnels : votre incubateur, votre CCI, votre expert comptable, les réseaux d’accompagnement associés ou non à un financement, etc. Mieux vous serez préparés, plus vous aurez de chances d’intéresser, plus vous serez en position de choisir.
Conseil n°2 : Sachez ne pas vous disperser
Plusieurs solutions vont s’offrir à vous, selon le niveau de maturité de votre entreprise.
Pour vos premiers pas, alors que votre business modèle relève encore de l’hypothèse (il n’a pas fait toutes ses preuves), mieux vaut vous adresser à des Business Angels (BA). Plus souples que les Capitaux-risqueurs (VC), ils ont aussi une meilleure appétence au risque. Et grâce à leur expérience opérationnelle comme chef d’entreprise, ils pourront exercer un rôle précieux de mentor, voire vous aider à faire pivoter votre projet à temps si celui-ci vient à déraper. Concrètement, si vous cherchez moins de 500 000 euros, tournez-vous vers les BA. Ou si quelques milliers d’euros suffisent, pensez au crowdfunding. Enfin, en phase d’amorçage, vous avez aussi l’option de solliciter certains fonds de capital-risque (VC) spécialisés en early-stage.
Ne perdez pas de temps à essayer de convaincre des VC qui interviennent de préférence à partir du second tour de table. S’ils s’invitent en phase d’amorçage ou de pré-amorçage, c’est plutôt pour des entreprises de type DeepTech (innovation de rupture) qui ont besoin très vite de fonds importants. N’allez pas non plus solliciter des fonds spécialisés si vous n’entrez pas dans leur scope. Ce sera là aussi du temps perdu.
Pour aller plus loin : Ai-je intérêt à ouvrir mon capital à des investisseurs ? https://bpifrance-creation.fr/moment-de-vie/ai-je-interet-a-ouvrir-mon-capital-a-investisseurs
Conseil n°3 : Ne vous focalisez pas sur le « montant du chèque »
Trop souvent, on réduit la levée de fonds à la question de la valorisation. Or, dans « partenaire investisseur », les deux mots ont le même poids. Un investisseur est aussi un associé, un compagnon de route pour plusieurs années, y compris lors des coups durs. Vous en aurez sûrement. C’est celui qui va faciliter le développement de votre entreprise, vous ouvrir son carnet d’adresses, vous conseiller sur des choix à faire, des décisions à prendre… Recherchez le profil le mieux à même de comprendre votre projet et de vous accompagner au delà du volet financier, avec une expertise métier ou une réelle affinité avec votre domaine d’activité. Vous verrez que l’investisseur avec qui vous déciderez de vous associer ne sera pas forcément celui qui aura formulé l’offre financière la plus attractive.
Conseil n°4 : Fiez-vous à votre feeling
En corollaire du conseil n°3, faites confiance à votre feeling pour écarter un investisseur qui n’est pas fait pour vous. Méfiez-vous de ceux qui vont vous noyer de questions à propos de micro-détails ou qui vont vous demander de retravailler un business plan auquel d’autres n’ont rien trouvé à redire. Le risque ? Devoir passer plus de temps à faire du reporting qu’à développer votre business ou avoir à composer avec un associé omniprésent. Vous recherchez un partenaire avec qui faire équipe. Pas quelqu’un qui veut diriger à votre place. Renseignez-vous aussi sur les entreprises dans lesquelles il a déjà investi et interrogez-le sur ses disponibilités (combien de startups a-t-il déjà en portefeuille ?). En clair, aura-t-il du temps à vous consacrer quand vous aurez besoin de lui ? Dans la levée de fonds, il est beaucoup question de confiance, elle doit être réciproque.
Conseil n°5 : Étudiez bien les termes du pacte d’actionnaires
Cela tombe un peu sous le sens, mais rappelez-vous que les accords de financement viennent avec leur lot de concessions à faire et de comptes à rendre. Faites bien attention à toutes les implications avant de vous engager. Là encore, faites-vous accompagner.
Conseil n°6 : Sachez défendre vos positions et osez dire non
Bien sûr, vos interlocuteurs vont se montrer ultra-sélectifs et avoir des exigences. A fortiori lorsque vous traitez avec des VC. Mais n’hésitez pas à mettre, vous aussi, les vôtres dans la balance, dans un esprit de réciprocité. Après tout, vous êtes un apporteur de projet et c’est de votre bébé qu’il s’agit. A défaut de suffisamment d’éléments tangibles à présenter (un business modèle éprouvé par exemple), saisissez là l’occasion de démontrer votre tempérament d’entrepreneur responsable ayant à cœur les intérêts de son business. Et osez dire non, si vous pensez que la relation risque de tourner au vinaigre.
Vous avez maintenant quelques cartes en main pour vous lancer dans une fructueuse levée de fonds. N’hésitez pas à faire marcher vos réseaux, renseignez-vous sur internet, consultez des sites spécialisés : France Angels, France Invest, Femmes Business Angels, Bpifrance, …
*Article paru en décembre 2019
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