L’arrivée tonitruante de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur des RH est-elle une bonne ou une mauvaise chose ? Éléments de réponse avec Vincent Binétruy, le directeur France de Top Employers.
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Vous avez organisé, avec des entreprises certifiées par Top Employers France, une rencontre ayant pour thème l’intelligence artificielle au service des RH. Qu’en est-il ressorti ?
Vincent Binétruy : L’intelligence artificielle est un sujet très présent dans l’actualité. Des études sortent régulièrement pour annoncer le nombre de postes que l’arrivée de cette technologie va supprimer ou, au contraire, créer. Pourtant, ce que nous avons remarqué lors de cette réunion, c’est que le recours à la machine n’est pas nouveau dans nos sociétés. Cela fait plus de cinquante ans que l’industrie se repose sur les robots, et près de vingt ans que des secteurs comme la finance fonctionnent avec des systèmes experts. Le fait de vouloir automatiser certaines tâches n’est donc certainement pas une nouveauté !
Qu’est-ce qui change aujourd’hui dans notre rapport à l’IA ?
VB : L’accélération technologique à laquelle nous assistons ouvre des perspectives qui ne sont plus les mêmes. C’est notamment ce qu’on remarque en matière de RH. Aujourd’hui, on compte 1 000 startups dédiées aux ressources humaines en France, dont 600 très actives et proposant des produits de pointe. C’est énorme. Ces jeunes entreprises travaillent avec l’IA pour que les RH gagnent en productivité et en efficacité. Le but est de recentrer le secteur sur des missions à forte valeur ajoutée, et d’automatiser les autres.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets d’utilisation de l’IA dans les RH ?
VB : Beaucoup de grands groupes reçoivent tellement de CV – jusqu’à un million par an – qu’ils n’arrivent plus à les traiter « à la main ». Dans ce cas de figure, l’automatisation n’est plus une option, mais la seule solution. Cela passe par plusieurs tendances. Tout d’abord l’utilisation de chatbot en tant qu’assistant virtuel ou organisateur de conférences Skype pour aider au recrutement. L’IA propose aussi des algorithmes qu’on pourrait qualifier d’outils de matching. Ces derniers calculent les convergences entre une annonce et une candidature grâce à des mots clés sur les compétences, mais aussi sur les centres d’intérêt du candidat.
Certains s’inquiètent de la montée en puissance de l’IA au détriment de l’humain. Est-ce votre cas ?
VB : Il y a bien sûr une limite à l’utilisation de l’IA : le copier-coller. Par exemple, sur le recrutement, le logiciel peut systématiquement choisir les mêmes profils. Résultat, l’entreprise se retrouve avec des clones. Pour éviter ce biais, il faut tout miser sur le paramétrage. Aujourd’hui, l’IA ne peut pas bien fonctionner si on ne l’aide pas à apprendre, si on ne la nourrit pas en amont. Tous les outils d’IA sont aussi souvent traités en interne pour accumuler des données avant d’être lancés. L’humain a donc toujours sa place dans cette révolution.