En moins de quatre ans, Ledger s’est imposée dans la protection des échanges monétaires dématérialisés et le stockage sécurisé de nos économies en crypto-monnaies. Entre levées de fonds XXL, diversification de son offre et déménagement de sa production de la Chine vers la France, cette pépite de la FinTech se rêve en futur GAFA tricolore.
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Si l’avenir est à la virtualisation des échanges financiers et des monnaies, tout n’est pas encore dématérialisé dans le monde des crypto-monnaies et de la blockchain. Pour sécuriser les échanges monétaires version 2.0, Ledger propose des mini coffres forts numériques. Fort du succès de ses premiers objets lancés dès 2015, l’entreprise française déploie de nouveaux produits et compte sur la diversification pour grandir.
Une clé USB pour protéger vos lingots d’or virtuels
Le produit phare de Ledger est donc un périphérique. Ressemblant à s’y méprendre à une clé USB, il permet le stockage des bitcoins et autres crypto-monnaies en toute sécurité. L’entreprise s’adresse aussi bien aux professionnels via des serveurs sécurisés qu’aux particuliers avec ses fameuses petites hardware wallets.
Son dernier bébé, le Nano X, se distingue de son grand frère, le Nano S : en effet, le nouveau portefeuille digital fonctionne par Bluetooth et non plus via un câble le reliant à un ordinateur. Quant à sa capacité de stockage, elle est six fois plus importante que celle de son prédécesseur. Pour les plus curieux et les connaisseurs, le Nano X peut emmagasiner 100 crypto-assets.
Un succès mondial reconnu jusque sur le CES Las Vegas
Ce système de portefeuilles matérialisés pour de l’argent qui, lui, ne l’est pas, a trouvé un très vaste public. En 2017, Ledger vend environ 1,4 million d’exemplaires de son Nano S. Et l’efficacité de ce dispositif technologique lui vaut aussi la reconnaissance de ses pairs. Lors de sa présentation sur le CES Las Vegas en janvier 2019, le Nano X s’est vu décerner le CES Innovation Honoree Award.
Une véritable gageure quand on sait que seule une trentaine de produits est récompensée sur les quelque 4.400 innovations que présentent les exposants venus du monde entier. C’est dans la catégorie cybersécurité et protection des données que Ledger a réussi à se distinguer. Quelques mois avant, la société se démarquait encore en étant nommée startup de l’année en Île-de-France par EY.
Trouver des parades face à la volatilité des crypto-monnaies
Mais tout n’est pas rose dans le monde mouvant de la crypto-monnaie. Protégez ses lingots d’or virtuels s’est avéré plus compliqué en 2018 qu’en 2017. En cause ? La baisse des cours et la disparition de presque 400 crypto-monnaies ! Cela a occasionné l’évaporation pure et simple de 480 milliards de dollars des marchés financiers. Autre contrecoup, les ventes des périphériques Ledger ont été divisées par trois. Mais malgré cette volatilité d’un « marché qui a dévissé de 80 % », selon Pascal Gauthier, le directeur général de Ledger, l’entreprise a réussi une prouesse : celle de maintenir son chiffre d’affaires.
Après 600.000 euros de recettes en 2016, puis environ 46 millions chaque année en 2017 et en 2018, Ledger tient le cap grâce à la multiplication des innovations et des partenariats. Depuis le 28 janvier, l’entreprise a lancé son application mobile Ledger Live. Les utilisateurs du Nano X peuvent ainsi accéder de manière sécurisée à leur solde via leur smartphone. Elle propose aussi le système Vault, un coffre-fort pour les professionnels SaaS, et a noué un accord avec Engie pour équiper les compteurs posés dans le cadre des énergies renouvelables.
La diversification est également à l’ordre du jour avec, en ligne de mire, la sécurisation des transactions de l’Internet des objets. Une association avec Intel a été conclue, des discussions avec Samsung seraient en cours et une joint-venture baptisée Komainu a vu le jour avec la banque nippone Nomura.
Pour se donner les moyens d’une telle croissance, Ledger mise sur les levées de fonds. D’abord en 2015 avec 1,3 million d’euros d’amorçage, puis plus de 5 millions l’année suivante et 61 millions en 2017 en série B. Ce dernier tour de table, bouclé grâce aux fonds Cathay Capital, Draper, FirstMark Capital et Korelya, constitue un record dans le monde frenchy de la FinTech.
De la Silicon Valley au Silicon Berry !
Ces investissements colossaux ont notamment permis l’ouverture de bureaux à New York et à Hong Kong, mais aussi une opération plus étonnante dans le secteur techno-industriel de Ledger : celle de la relocalisation de sa production de la Chine vers la France.
Ce rapatriement de la fabrication des hardware wallets débute en 2019 et se fait au sein du parc technologique de Vierzon. Le Cher va ainsi accueillir une usine Ledger de 4.000 m2 pour un investissement global compris entre 8 et 10 millions d’euros. Le site baptisé LedgerPlex devrait accueillir une centaine de nouveaux employés au cours des trois prochaines années.
Le choix de cette implantation à Vierzon ne tient pas tout à fait au hasard, puisque Éric Larchevêque est le petit-fils d’un industriel de la localité. En effet, son grand-père y avait bâti un petit empire de la porcelaine de 1930 à 1990.
Les ambitions de Ledger sont immenses : elle aspire à devenir un acteur leader de la blockchain et cible même une valorisation à hauteur de 10 milliards d’euros d’ici à 2024. Plus fou encore, l’entreprise tricolore rêve d’ajouter son initiale à celles qui composent l’acronyme des GAFAM. Que Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft se méfient du chant du coq !
Retrouvez Ledger sur le Salon des Entrepreneurs de Paris le 6 et le 7 février 2019. Plus d’informations ici !