Cet été, oubliez les plages de sable chaud, la torpeur doucement caliente des vacances post métro-boulot-dodo. Découvrez chaque jeudi des congés expérimentaux, atypiques. Fous, en un mot. Cette semaine, jouez aux ermites et tentez le voyage intérieur.
Soyez ‘Into the Wild’… dans une cabane
Comme Sylvain Tesson, auteur et aventurier français, partez vous isoler au beau milieu de la forêt dans une cabane, ce « lieu du pas de côté, le havre du vide où l’on n’est pas forcé de réagir à tout ». Pour faire du mimétisme, si votre livre de chevet n’est autre que Dans les forêts de Sibérie, il vous faudra arpenter les bords du Lac Baïkal en Russie. Autre option plus proche, un lopin de terre lapone en Norvège, en Suède ou en Finlande au choix. Pensez aux grands espaces que les juillettistes et les aoûtiens n’osent pas (encore !) trop coloniser.
Du plus rudimentaire (ni eau, ni électricité) au lodge tout confort, s’isoler dans une cabane au grand air garantit une prise de recul potentiellement salvatrice. C’est l’occasion de happer le moment présent sans penser au suivant. Et tant qu’on y est, laissez derrière vous vos mails. Mieux, dites bye-bye à votre meilleur ami… votre smartphone !
Faites l’expérience du « moinagement »… dans un monastère
Avant de penser à la validation de vos trimestres pour une hypothétique retraite, débutez la vôtre dès maintenant, en partant vous cloîtrer dans un monastère. Cette expérience spirituelle peut avoir valeur de diète voire de jeûne pour prendre du recul. C’est l’occasion de retrouver la sérénité, une certaine paix intérieure en renonçant notamment à notre boulimie pour une actualité souvent anxiogène. Que ce soit au cœur de Paris ou dans un monastère bouddhiste accroché à une montagne du Bhoutan (pas d’excuse, il y en a pour toutes les bourses !), exit la vacuité, le marivaudage des pensées qui n’ont de cesse de se superposer. Bref, en termes économico-moderno-marketing, fini le multitasking ou le zapping intellectuel !
L’Institut Sens et Croissance fondé par le Père Minguet, un bénédictin de l’Abbaye de Sereys, préconise ce « moinagement » où quête de sens et valeurs éthiques (ré)apparaissent comme par enchantement dans l’esprit de celui qui ose. Au-delà de la notion de croyance, il s’agit de réapprendre à savourer les plages de silence propices à la réflexion.
Enfin, si l’absence de mouvement vous fait peur, préférez les Chemins de Compostelle aux cellules des monastères, d’autant qu’en portant sa maison sur son dos, on se rationne, on rationalise. Bref, on réapprend à prioriser.
Jouez les Robinson Crusoe… sur une île (presque) déserte
Goutez au plaisir quasi claustrophobique de l’insularité, la vraie ! Tentez les TAAF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises, soit les îles Crozet, Amsterdam ou Kerguelen notamment. Mais si, vous savez, ces bouts de terre perdus au sud de l’Océan Indien à la lisière des eaux qui cernent le 6e continent, autrement dit l’Antarctique. Pour s’y rendre ? OK, ce n’est pas le plus simple ! Vous pouvez y aller s’il reste de la place sur le Marion Dufresne à condition d’avoir un peu d’économies et de se trouver sur l’île de la Réunion d’où part le navire scientifique. Un luxe puisqu’il faut débourser près de 10 000 euros – minimum – selon les conditions de voyage. Plus soft et toujours 100% frenchy, Saint-Pierre-et-Miquelon vous tend les bras.
Mais notre petite préférée est l’île britannique de Tristan da Cunha. Cet archipel volcanique de l’Atlantique Sud se situe au nord des Quarantièmes rugissants. On la définit comme la terre la plus isolée du monde., puisque « sa voisine », l’île de Sainte-Hélène, se trouve… à 2 500 km ! Mais, pas de panique, il y a quelques guest houses, un pub et même un café Internet ; vous voilà sauvé(e). Pour rejoindre ses 267 habitants, comptez une semaine de navigation d’Afrique du Sud quand même… si les conditions sont bonnes ! À noter qu’un bateau y passe tous les mois et demi pour ravitailler la population qui a fait de l’autosuffisance un principe de vie. Inspirant !
Soyez solitaire… à plusieurs dans une micro-société
Visitez une capitale de… 423 habitants ! Rendez-vous à Supai, un village de l’Arizona, centre urbain de la réserve indienne des Havasupai. Mais, attention, si vous voulez rester plusieurs nuits, le voyage se prépare, car vous devez obtenir une autorisation des Natifs américains résidant dans ce recoin du Grand Canyon. Ce lieu particulièrement reculé est le seul endroit de tous les États-Unis où le courrier est encore apporté à dos de mulet. Il est aussi le village le plus isolé des 48 états du sud du pays (hors Alaska).
La route s’arrête à environ 12 kilomètres du bourg. On arrive donc à pied (ou en hélicoptère… mais qui oserait ?!). Michelle, une chef d’entreprise de 54 ans, se souvient de son séjour : « c’est une leçon de vie dans un cadre magnifique. Les habitants font autant preuve de souplesse pour s’entendre entre eux que d’autodiscipline dans ce vase quasi clos. Cette dualité m’a même inspirée dans mon quotidien d’entrepreneure. »