Plus d’une femme sur deux aurait été victime de harcèlement sexuel. Depuis quelques jours, elles sortent enfin du silence. Alma Guirao a créé HandsAway, une appli qui leur permet d’alerter, de témoigner et d’échanger sur le sujet.
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Depuis « l’affaire Weinstein », les témoignages de femmes sur les réseaux sociaux se multiplient. Elles sont plusieurs milliers à avoir « balancé leur porc » sur Twitter, sous le hashtag éponyme, ou plus sobrement commenté #metoo. Un mouvement d’une grande ampleur, qui a permis une libération de la parole sur le sujet du harcèlement sexuel… et de confronter les entreprises à un problème présent depuis des années dans l’ombre de leurs murs.
Gestes déplacés, chantage, messages à caractère pornographique… 1 femme sur 5 aurait été victime de harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle, selon une enquête IFOP pour le Défenseur des Droits. Tous lieux confondus, 53% des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle au cours de leur vie (Odoxa-Dentsu). Un phénomène encore plus important dans les espaces publics, puisque 87 % des femmes l’auraient déjà subi au moins une fois dans les transports en commun (FNAUT).
Handsaway, la start-up qui veut changer la donne
C’est d’ailleurs « l’agression sexiste de trop » qui a poussé Alma Guirao à réagir. Désemparée par le manque de solutions qui s’offraient à elle, la jeune femme a imaginé HandsAway : une application qui permet d’alerter les « Street Angels » (la communauté des utilisateurs) lorsqu’elles se sentent en danger. Sorte d’exutoire, elle donne aux victimes la possibilité de témoigner et d’échanger autour des agressions sexistes, pour recevoir le réconfort et les conseils dont elles ont besoin.
HandsAway permet aussi d’élaborer une base de données sur le type d’agressions les plus fréquentes, ainsi que les lieux et heures d’occurrence. Celle-ci pourrait être utilisée par les forces de l’ordre pour assurer une meilleure sécurité de l’espace public. Lancée il y a tout juste un an, l’appli compte déjà 100 000 utilisateurs. Prochain objectif ? « Développer HandsAway à l’international. Et bien sûr, fédérer une communauté de plus en plus importante », annonce la fondatrice. Une coopération avec le gouvernement belge est déjà prévue début 2018.
Et si les entreprises montraient l’exemple ?
Pour Alma Guirao, HandsAway est un premier pas vers un monde qu’elle espère plus juste. « Mes rêves pour dans 10 ans ? Tout d’abord une égalité plus effective, notamment en termes de salaire et de responsabilité dans le monde du travail », confie la fondatrice. « Mais aussi une plus grande considération des entrepreneuses, en particulier dans la tech, et davantage de respect pour les femmes dans l’espace public. Il faut débanaliser le harcèlement de rue et mettre en place des actions concrètes. » Elle imagine notamment l’ouverture de « lieux safe », ouverts toute la nuit.
La jeune entrepreneuse espère que les femmes pourront un jour se sentir en sécurité partout – y compris sur leur lieu de travail. Sur ce dernier point, elle estime que c’est aux sociétés de montrer l’exemple, en intégrant la lutte contre le harcèlement sexuel dans leur ADN. « Les entreprises devraient être leaders sur le sujet et donner un espace de libre parole aux femmes. Elles doivent aussi communiquer auprès des collaborateurs pour libérer de la peur, et accompagner les potentielles victimes par des personnes qualifiées et impartiales ».