AVOB, la startup spécialisée dans l’optimisation énergétique, accompagne ses clients dans leur réduction de consommation en énergie. 10ème plus grosse consommatrice d’électricité, la France n’est pas la championne de l’optimisation énergétique, d’où l’intérêt de cette démarche.
Deux entrepreneurs aux profils complémentaires. Jean-Charles Matamoros, ingénieur en informatique, fait partie des fondateurs d’AVOB depuis sa création en 2009. Olivier a rejoint plus tard l’aventure après plusieurs années passées dans des grands groupes, en France et à l’international.
W : Pourquoi avez-vous décidé de créer ou de rejoindre AVOB ?
Jean-Charles Matamoros : J’étais élève à l’ECE Paris (une école d’ingénieur). Nous avons eu des cours et des modules sur les enjeux énergétiques. Avec deux autres étudiants nous avons effectué des travaux de groupe sur la puissance des ordinateurs. Finalement, nous nous sommes rendus compte de l’importance de ce sujet. À la fin de notre cursus, il fallait faire un stage. Et au bout d’un mois en entreprise, nous avons décidé de monter notre startup. Dans notre école, nous sommes parmi les premiers à avoir fait cela. Il y a un an et demi, nous avons ressenti le besoin de nous renforcer commercialement. J’ai donc cherché un nouvel associé.
Olivier Sudan : J’ai passé plusieurs années dans des grands groupes spécialisés dans les télécoms et l’énergie où j’ai exercé des responsabilités à l’échelle européenne et internationale. Mais j’ai eu ensuite l’envie de développer de nouveaux services en mêlant ces deux technologies, dans un environnement plus flexible et plus humain. J’ai donc voulu sauter dans le grand bain. J’ai trouvé le projet AVOB prometteur et je voulais me lancer dans l’entrepreneuriat. J’ai franchi le pas et je ne le regrette pas ! Certes, ce n’est pas un long fleuve tranquille, mais c’est très enrichissant car nous sommes en interaction avec des acteurs sensibles à la question énergétique.
W : Justement, votre service ne se focalise-t-il pas que sur les grands acteurs au détriment des plus petits comme les ménages ou les startups ?
J-C.M : Les solutions peuvent s’adapter à tous types de structure. Notre focalisation sur les gros immeubles tertiaires résulte du fait qu’ils représentent un grand potentiel d’économies à réaliser. Mais nous n’excluons pas les autres secteurs, et avec des partenariats, on pourra sûrement toucher les ménages. Il est vrai qu’il faut parvenir à se connecter d’une manière ou d’une autre à cette population. L’arrivée de compteur communicant pour évaluer la consommation des ménages devrait œuvrer en ce sens et ouvrir de nouveaux services.
O.S : Ce qu’il faut également souligner, c’est que 50% de nos clients sont des comptes publics, notamment des collectivités locales. Elles sont de plus en plus en réflexion sur les sujets d’économie d’énergie et ont besoin de nouvelles propositions.
W: Aujourd’hui, quels sont les enjeux énergétiques ? Quelles solutions apportez-vous à ces problématiques ?
J-C.M : L’énergie a été pendant longtemps négligée et gaspillée. Dans les bâtiments, elle est utilisée sous différentes formes : éclairage, chauffage, machines… Et la plupart du temps, ces équipements restent allumés même lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Notre solution est basée dans le cloud. On mesure les différents usages, et on applique des politiques énergétiques qui vont s’adapter aux besoins des bâtiments et à l’usage des utilisateurs pour optimiser la consommation des bâtiments.
O.S : En moyenne, nous parvenons à réduire de 30% la consommation d’un bâtiment. Notre solution combine deux outils : l’énergie data analitics, qui est une méthode permettant d’analyser un grand nombre de données grâce à nos algorithmes spécifiques. Nous connections aussi les immeubles à distances afin de les rendre « intelligents » et optimiser les consommations d’énergie.
W : Avec la data analitics et les immeubles connectés vous utilisez le digital et vous œuvrez en même temps pour le développement durable, comment conciliez-vous les deux ?
J-C.M : Effectivement, le développement durable est aujourd’hui primordial. Néanmoins, développement durable ne veut pas dire moins productif. Nous voulons optimiser la consommation énergétique sans en faire pâtir les utilisateurs, c’est pourquoi on utilise le digital. Nous cherchons à apporter un éventail de solutions adaptées et peu invasives aux jeunes générations.
O.S : Depuis des années, on entend parler des économies d’énergie. Mais on reste souvent sur des schémas qui proposent des solutions très rigides avec des plannings très strictes qui s’avèrent finalement peu efficaces. Grâce aux nouvelles technologies, on peut ajouter plus d’outils et être au plus proche de l’utilisateur avec des solutions plus dynamiques, adaptables et plus probantes.
W : Avez-vous été soutenus dans votre projet ? Comment ?
J-C. M : Oui, Bpifrance nous a accompagnés lors de nos présentations publiques, nous a donné de la visibilité et nous a mis en contact avec des acteurs de l’écosystème. Les grands événements comme Bpifrance Inno Génération nous ont servi de tremplin. Nous avons aussi reçu des financements de la part de business Angels, de fonds d’investissement et de la région Île-de-France.
Khadija Adda-Rezig