Dimanche 23 avril à 20h pétantes, les chaînes de télévision nous révèlent le nom des deux finalistes de l’élection du président de la République. Emmanuel Macron vire en tête suivi à deux, trois longueurs par Marine Le Pen. La liesse saisie certaines équipes de campagne alors que d’autres, vaincues, sont immédiatement envahies par la lassitude et l’envie d’en découdre.
Muscle ton jeu Emmanuel ! Coup de théâtre, depuis dimanche soir, la machine En marche est En Panne. Son candidat ne donne pas le sentiment de saisir que l’élection n’est pas terminée. Elle se jouera à l’issue d’un deuxième tour qu’il semble avoir oublié. À l’inverse de Lionel Jospin en 2002 et Alain Juppé dernièrement, à qui leurs camps avaient reproché de faire une campagne de deuxième tour au premier et d’échouer au pied de l’obstacle, Monsieur Macron a fait une campagne de premier tour au premier tour, mais oublie qu’il y a une suite avant la fin. En politique, l’anaphore n’est pas la seule figure de style, le pléonasme a aussi du bon !
Ne revenons pas sur la soirée organisée en toute simplicité à la désormais célèbre brasserie La Rotonde. Est-ce injuste ou pas de lui reprocher ce moment de joie et de liesse ? Gageons simplement que l’image est suffisamment anachronique pour qu’elle suscite le débat, les oppositions entre bords politiques, l’intérêt des Français et des médias. Donc à ce titre, si le sentiment qui se dégage des images impose une quelconque justification, il est embarrassant pour le candidat et qualifie de facto la séquence en faute politique. Un sondage Harris interactive corrobore cette assertion. Les Français trouvent que le candidat Macron fait un mauvaise début de campagne du deuxième tour !
Communication : Le Pen 1 – Macron 0
Mme Le Pen s’est préparée à l’idée qu’elle ne gagnera pas le soir du 7 mai. Son objectif est ancré sur le rapport de force qui se dégagera de la prochaine campagne des législatives. Or, pour cela elle sait qu’elle doit impérativement marquer des points en perdant la présidentielle avec panache. Alors elle joue haut, comme dirait les amateurs des métaphores footballistiques. Elle met la pression. Lundi matin dès potron-minet elle se rend à Rungis. M. Macron cafouille son déplacement à l’hôpital de Garches. Mercredi elle met en scène un déplacement improvisé, nous dit-on, sur le lieu même de la protestation des salariés de Whirlpool à Amiens. Tiens, tiens ne serait-ce pas la ville dont le candidat Emmanuel Macron est originaire. Usine ou il n’a encore jamais mis les pieds. Alors que le chômage trône au rang des sujets qui incitent le plus les Français à s’angoisser pour l’avenir, M. Macron oublie de faire preuve d’empathie avec de probables demandeurs d’emploi d’une usine installée dans sa ville natale. En campagne électorale manquer d’empathie c’est oublier son protège dent en sport de combat ; c’est une erreur, c’est même interdit pour ce qui est des pratiquants du noble art, voilà pour la métaphore pugilistique.
À l’appui de cet argumentaire, livraison vous est faite des commentaires des médias montrant d’un côté Mme Le Pen saluée par des salariés de l’usine Whirlpool, pendant que M. Macron organise loin de tout, une réunion ampoulée, loin très loin des impératifs de proximité et de sympathie dont un candidat doit faire montre en telle situation. Il redevient un ministre, un simple « techno » ! Il a perdu la proximité du candidat à la fonction suprême. L’image la souligne entourée de « vrais gens ». Il s’affiche dirigeant une réunion déshumanisée, animateur d’une conférence de presse protocolaire, enfin chahuté par des salariés désabusés qu’il ait été si peu réactif à leurs appels à l’aide. Les adeptes de sémiologie rappelleront au lecteur qu’un message est constitué à 75% par l’image, à 25% par les mots.
Communication : Le Pen 2 – Macron 0
Ces derniers jours M. Macron nous a offert un trop plein de lassitude et d’agacement. Sa bonhomie naturelle et son sourire facile sont effacés par l’enthousiasme d’une candidate trop heureuse de déguster les quinze prochains jours. Elle qui ne connaît que la défaite depuis toujours nage enfin en finale sous les projecteurs des médias du monde entier.
Avis à l’équipe Macron. Si vous avez besoin de bons conseils pour terminer avec panache cette campagne, que les résultats du premier tour vous promettaient impossible à perdre, appelez un certain Aimé Jacquet qui devrait vous conseiller à coup sûr, de : « MUSCLER TON JEU EMMANUEL, MUSCLER TON JEU ».