Il faut être inconscient ou un peu fou pour se lancer dans une carrière d’entrepreneur. En tout cas, une chose est sûre, il faut avoir du panache, un peu à la manière de Cyrano de Bergerac raconté par Edmond Rostand.
« Un pic. Un cap. Que dis-je un cap, c’est une péninsule ». Tout le monde a lu ou récité, au moins une fois, la célèbre tirade du nez qui a rendu célèbre Edmond Rostand. Mais, au-delà de la littérature, il y a chez Cyrano de Bergerac quelque chose qui ressemble définitivement à l’esprit d’entreprendre : l’audace, la hauteur de vue et, souvent un certain perfectionnisme.
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« Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non, non c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »
Oui, les entrepreneurs ont besoin de succès pour survivre, grandir et créer de l’emploi. Mais, au départ, ces considérations entrent-elles forcément en jeu ? Pas forcément. Il suffit parfois d’une idée, une intuition, un sentiment. Parfois, le modèle économique n’existe pas. Regardez Facebook, Snapchat, Tumblr, Twitter. Des OVNI. D’ailleurs, les investisseurs n’ont pas manqué (au début) de le leur rappeler.
Mais, ils n’ont pas abandonné. D’une idée folle, ils en ont fait un business rentable. Si ce n’est plus. Certes, un modèle un peu « casse-cou » qui ressemble diablement à ce qui se fait dans la Silicon Valley. Mais, qu’importe. Steve Jobs n’a-t-il pas dit à John Scully, avant de le recruter comme CEO d’Apple : « vous voulez passez le reste de votre vie à vendre de l’eau sucrée ou vous voulez tenter de changer le monde ? »
« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ! »
D’ailleurs, ils se sentent parfois bien seuls, ces entrepreneurs. Déblayer de nouvelles voies ne se fait pas sans anicroches. Il y a, encore une fois, l’exemple de Steve Jobs, mais il n’est pas le seul : Jeff Bezos, Brian Chesky & Joe Gebbia d’Airbnb ou encore Elon Musk avec SpaceX. Tous ont connu de longues heures de solitude, avant de trouver la clé des champs.
À force de travail, de recherches et d’optimisme, ils ont dépassé ce qui semblait être un obstacle infranchissable. Ils ont mis en pratique cette maxime exprimée par l’Empereur de Chine dans Mulan (oui, oui, celui de Disney) : « qu’importe que le vent hurle, jamais la montagne ne ploie devant lui ». Et, souvent, ça s’est mieux fini que dans le cas de notre cher Cyrano. Tant mieux !
« Il n’est de grand amour qu’à l’ombre d’un grand rêve »
Oui, comme Cyrano, les plus belles des aventures entrepreneuriales démarrent à l’ombre d’un grand rêve. Au départ, Alexander Graham Bell veut soigner sa mère de sa surdité. Ce qu’il n’arrivera jamais à faire. Mais, après des années de recherche, l’inventeur arrive à son œuvre majeure : le téléphone. Jamais, il n’aurait imaginé arriver à ce résultat-là, mais son obstination lui a permis de faire de lui un des entrepreneurs-inventeurs les plus célèbres du monde.
Comme l’explique notre cher gascon : il faut parfois « travailler sans souci de gloire ou de fortune ». Elle peut sinon se transformer en illusion ou en amertume. Impossible alors de fournir un travail de qualité. Rien n’est plus beau qu’un rêve non encore assouvi.
« Il y a beaucoup de gens dont la facilité de parler ne vient que de l’impuissance de se taire »
Voici un autre point commun entre Cyrano de Bergerac et les entrepreneurs : il faut agir et non plus (uniquement) parler. Bien sûr, dans le cas d’un entrepreneur, ces deux qualités ne vont pas l’une sans l’autre. Mais, à un moment donné, il faut savoir se taire pour montrer ce que l’on sait faire. Inventeur du phonogramme, Thomas Edison entre tout à fait dans cette catégorie d’entrepreneur.
Il faut dire, la surdité l’a aussi beaucoup aidé sur ce sujet. « Comme ma surdité me dispensait de participer à ces bavardages, j’avais le temps et la possibilité de réfléchir aux problèmes qui me préoccupaient », explique-t-il. Et quel rendement ! Dans toute sa vie, Thomas Edison a déposé plus de 1000 brevets. Alors oui, on peut le dire : le silence est d’or.
« Moi, c’est moralement que j’ai mes élégances »
Alors, bien sûr, ce n’est pas toujours simple. Il faut subir la pression des investisseurs, la mauvaise humeur de l’administration fiscale, la peur des associés et des investisseurs, etc. Ce qui a d’ailleurs parfois un impact sur l’entourage. Une mauvaise humeur permanente qui ressemble drôlement au caractère décrit par Edmond Rostand. Faut-il pourtant s’arrêter là ? Evidemment que non.
Car, ne l’oublions pas, les nuages disparaissent à chaque fois qu’un objectif est atteint : chiffre d’affaires en hausse, nouveau contrat, nouvelle compétence acquise, nouveau marché, etc. Et là, c’est tout le monde qui en profite : associés, investisseurs, collaborateurs. Alors, oui, Cyrano n’est pas toujours facile, mais comme il le dit : « à la fin de l’envoi, je touche ».