Lancée il y a 2 ans par deux amis, la startup PopChef a choisi de prendre le contre-pied du modèle d’entreprise française (archaïque) basé sur les 35 heures et les 5 semaines de congés payés.
Vous aimerez aussi
Surfant sur la vague du « delivery », PopChef s’est octroyé le créneau de la livraison express du déjeuner d’affaires. Face à une concurrence indiscutable, la startup a notamment choisi de se différencier dans la gestion de ses ressources humaines avec une seule directive : rendre ses salariés heureux. Briac Lescure, co-fondateur de PopChef, nous en dit plus, et sans langue de bois.
Des vacances en illimité, ça sonne presque faux. C’est vraiment le cas chez PopChef ?
Juridiquement c’est encore compliqué en France de proposer plus de 5 semaines de congés payés mais oui, nous sommes réellement en train de voir comment est-ce qu’on peut mettre ça en place. En attendant, nos salariés sont libres de poser leurs vacances quand ils le souhaitent, s’ils veulent poser 3 semaines du jour au lendemain et qu’ils se sont organisés dans leur travail pour le faire, ils le font.
C’est pas contre-productif pour une entreprise d’avoir des employés aussi libres ?
Non, au contraire ! Un salarié fatigué ça c’est contre-productif. Avec François mon associé, on a toujours été d’accord sur le fait qu’un salarié heureux c’est un salarié libre. On n’a pas non plus de culture de l’horaire comme il existe dans la plupart des entreprises françaises. Chacun travaille quand il veut. On préfère voir un salarié 4h par jour à fond dans son travail et qui a du temps pour d’autres loisirs l’après-midi plutôt qu’un salarié qui traîne à la tâche et s’implique moins. Je trouve ça aberrant quand j’entends que certaines personnes restent au bureau jusqu’à 19h parce que c’est stipulé dans leur contrat alors qu’elles n’ont plus grand chose à faire depuis 17h…
Donc, la liberté que vous leur octroyez, c’est ce qui rend vos salariés heureux.
Oui à l’évidence mais il n’y a pas que ça. En tant que CEO, j’ai toujours choisi la voie de la transparence. On communique tous les jours les chiffres. Quand ça ne va pas, on le dit. C’est comme ça que les choses fonctionnent et que nos employés ont confiance en nous.
Vous êtes un peu « gentil patron »?
Je ne sais pas ce qu’est un « gentil patron », mais je pense être un CEO respecté grâce à tout cela. Le modèle du patron qui a son bureau au dernier étage c’est dépassé. On ne s’octroie pas non plus de privilèges. On distribue des tracts avec eux, une fois par mois on effectue une livraison, c’est ce qui fait qu’ils ont confiance en nous et aiment travailler pour nous je pense.
Vos salariés c’est une chose, mais vos livreurs c’en est une autre. On a pu lire dans la presse que certains livreurs de vos concurrents n’étaient pas très bien traités. Chez vous, comment ça se passe, sans langue de bois ?
De part notre modèle qui est complètement différent de nos concurrents, nos livreurs n’abordent pas du tout leur travail de la même manière que les autres. Chez PopChef on est spécialisé dans le déjeuner des entreprises donc par définition, nos livreurs ne sont actifs que 2h par jour. Ce sont majoritairement des étudiants pour qui le statut d’autoentrepreneur est parfait car il est beaucoup plus flexible qu’un CDD. En moyenne, ils gagnent 20 euros de l’heure. Tout ça réuni fait que nos livreurs sont très heureux, vous pouvez aller vérifier !
« Un salarié heureux, c’est un salarié libre »
Vous me parliez de votre stratégie très différente de celle de Foodora ou Deliveroo. C’est grâce à ça que vous allez réussir à ne pas vous planter ?
J’espère ! Je peux vous dire qu’on a une rentabilité opérationnelle dans Paris, que notre CA a été multiplié par 4 environ sur un an et qu’aujourd’hui on livre en moyenne 1000 repas par jour grâce à une équipe de 25 salariés et de 100 coursiers. On a vraiment fait le choix de se positionner sur la livraison de déjeuners dans les quartiers d’affaires ce qui veut dire que notre panier moyen est très important. On a également internalisé nos cuisines, donc quand les plats arrivent, ils sont chauds et de meilleure qualité. C’est grâce à ça qu’on grandit.
Avec une culture d’entreprise comme la vôtre, je suis sûre que vous vous êtes inspirés d’entrepreneurs qui ont réussi…
Forcément il y a entrepreneurs qu’on admire. Je ne parle pas de la culture d’entreprise, mais plutôt des réussites. Elon Musk, je ne sais pas comment il agit avec ses employés, mais je respecte beaucoup son parcours et ses ambitions. On a aussi tous lu la biographie de Steve Jobs. Son soucis du détail, sa créativité et l’importance qu’il accordait à l’expérience utilisateur sont des choses qui nous inspirent. On essaie de retranscrire ça à notre échelle. Par exemple, pour chaque 1er client, on prend le soin d’écrire un mot manuscrit pour qu’il retienne cette attention particulière.
Steve Jobs, Elon Musk… aucun Français donc ?
Si, bien sûr j’allais y venir ! Je suis très admiratif de la réussite de startups comme Blablacar, Critéo ou Doctolib. Ils ont ouvert le champs de possibles pour d’autres entrepreneurs qui ont changé de vision et qui n’ont plus peur de se lancer à l’international par exemple. Grâce à eux, on a le sentiment que tout est possible…