Pour démarrer cette année de la meilleure des manières, Widoobiz a demandé à des entrepreneurs de nous dire les erreurs qu’ils ne referont pas en 2017.
Faire toujours mieux. Qu’il le veuille ou non, l’entrepreneur remet chaque année son trophée en jeu. Mais, pour espérer dépasser les chiffres de l’année dernière, encore faut-il admettre ses erreurs. C’est encore le moyen le plus simple pour faire mieux et atteindre ce nouveau palier. Pour cela, nous avons demandé à des startuppers de nous raconter les erreurs 2016 qu’ils ne referont plus.
Des témoignages qui devraient intéresser les entrepreneurs en quête de succès pour cette année 2017.
Héloïse Pierre, Declic et des trucs : bien lire les réglementations françaises
Toutes les tâches n’ont pas la même valeur. « Je pense avoir perdu mon temps à faire des tâches administratives. Je n’ai pas pris conscience du temps que je perdais à vouloir tout gérer moi-même : la compta, la RH, les fiches de paie, etc ». D’autant qu’elle avoue le faire à reculons et donc pas super bien. « Donc en 2017, je prends quelqu’un, un jour par semaine pour m’aider avec tout ça ».
Cette année, Héloïse Pierre ne prendra également plus à la légère les réglementations françaises. « On savait qu’il y avait des normes très très strictes sur la vente de jeux pour enfants. Malheureusement, nous n’avons pas assez bien lu les textes. On avait fait imprimer 2000 boîtes avec un logo « normes CE » de 4,9 mm… alors qu’il le fallait à 5mm. On a été obligés de coller des autocollants sur toutes les boîtes pendant la nuit ».
Enfin, elle n’essaiera plus de faire des économies sur le budget assurance. « Nous avons eu une inondation dans notre espace de stockage. Nous avons perdu énormément de stocks. Je peux vous dire alors que, cette année, on va être un peu moins casse-cou », explique-t-elle avec un sourire.
Vincent Redrado, The Tops : faire confiance à sa vision
Même si l’histoire ne s’est pas bien finie pour The Top, Vincent Redrado ne regrette pas du tout cette aventure. Au contraire, elle lui a permis de montrer son savoir-faire et sa capacité à construire une marque dans un univers très concurrentiel. Malgré tout, à l’avenir l’entrepreneur cherchera moins à faire de compromis, s’il est persuadé de la justesse de sa stratégie commerciale.
« Nous n’étions pas rentables sur le numérique. Nous avions donc décidé de lancer des boutiques éphémères qui ont tout de suite été rentables. Mais, les autres personnes de l’entreprise étaient plutôt réticentes. Il y avait beaucoup d’investissement à faire au départ. Et puis, ça les ennuyait un peu d’aller sur ce chemin ».
Dommage, car les autres boutiques éphémères ont toutes été « sur-rentables », selon les mots de Vincent Redrado. Pour ses futurs projets, Vincent Redrado n’hésitera pas alors à rester sur ses positions, à moins qu’on ne le convainc du contraire. « Si tu t’adaptes à tout le monde, tu ne fais plus rien ». Il faut savoir faire ses choix, quitte à provoquer le départ de certains.
Johan Ricaut, Shopopop : ne plus se disperser
Difficile de ne pas faire d’erreurs quand on se lance comme Shopopop. Comme tout le monde, les jeunes entreprises doivent faire leur apprentissage. Mais, si Johan Ricaut devait en choisir une ce serait la dispersion. « Nous avons perdu du temps dans la réalisation de tâches qui, au final, n’apportaient pas ou très peu de valeurs à l’entreprise. Pire, elles ne génèrent pas de chiffre d’affaires », souligne l’entrepreneur.
Des « tâches peuvent impacter toutes les sphères de l’entreprise : commerce, marketing, web marketing, communication, etc ». Une tare qui touche évidemment toutes les entreprises. Mais, Yohan Ricaut sera très exigeant sur ce sujet. Surtout quand on est une entreprise comme Shopopop, dont la valeur ajoutée repose sur le temps. C’est un travail de fond.
Grégory Thurin, fondateur de PurchEase : faire confiance à son instinct
L’optimisme n’est pas toujours bon conseiller. « En tant qu’entrepreneur, on croise plusieurs fois par an des opportunités qui ont l’air trop belles pour ne pas être saisies. Et comme nous sommes, par nature, ambitieux et optimistes, on néglige parfois les sonnettes d’alarme. Alors, on a toujours envie de penser que « oui mais si ça se passe bien, ce sera tellement énorme ! » », explique l’entrepreneur. Résultat, on tombe dans le panneau et on s’en mord les doigts.
Surtout que « la bonne opportunité d’affaires, elle est en général juste à côté, à portée de main », ajoute Grégory Thurin. Conclusion : « En 2017, quand je ne « le sentirai pas », PurchEase passera son chemin jusqu’à la prochaine opportunité ». La société édite FidMarques : des cartes de fidélité de marques (Heineken, Fleury Michon, Nestlé…) et non des magasins.
Christian de Turckheim, fondateur Mydivorce : ne plus attendre le business plan parfait
De peur de se « faire voler une idée », beaucoup de porteurs de projets évitent de partager leurs réflexions. Une erreur que le fondateur de Mydivorce ne veut pas recommencer. « En agissant ainsi, j’ai perdu du temps sur le passage à l’action. Il faut apprendre à faire confiance. Cela permet d’avoir plus rapidement des retours et de se confronter plus rapidement au marché », explique le dirigeant.
Autre erreur qu’il ne recommencera pas : passer trop de temps dans le montage d’un business plan « parfait, global et précis », pour espérer des levées de fonds. « Il vaut mieux avoir une entreprise opérationnelle. C’est d’ailleurs ce que j’essaie de transmettre sur le site Mydivorce.fr qui répond à une problématique concrète. Les clients ont besoin d’écoute, d’aides immédiates et non pas à répondre à un business plan ».
Robert Bentz, directeur associé de MemoCloud : ne plus croire dans l’infaillibilité des développeurs informatiques
À l’inverse, il existe une catégorie d’entrepreneurs qui font une confiance aveugle à ceux qui les entourent. Par exemple, les développeurs informatiques n’ont pas toujours la science infuse. « Je ne croirai plus à la simplicité de valider une application informatique, en pensant naïvement que les développeurs ont du bon sens, et surtout qu’ils auraient déjà testé une partie des fonctionnalités développées », explique Robert Bentz.
L’entrepreneur n’aura plus l’audace de croire en l’infaillibilité de l’administration. « De demandes en compléments d’information lors de la création, et malgré notre célérité à répondre aux moindres désirs, nous nous sommes retrouvés hors délais de validité des documents déjà présents dans le dossier. Nous avons dû reprendre la procédure entièrement ». Malgré tout, Robert Bentz veut continuer à faire « preuve de naïveté ».
« À 67 ans, je ne veux toujours pas être un « Sage », dit-il avec le sourire.
Steeve Broutin, fondateur de Rapidle : ne plus vouloir optimiser à tout prix son temps
Steeve Broutin ne croit pas au modèle ancien qui consiste « à ne jamais prendre de vacances ». Maintenant, « les choses vont beaucoup plus vite et demandent une adaptabilité permanente. Nous avons besoin de ressources, de repos et de divertissement afin d’avancer l’esprit plus léger ». À ses yeux, il est nécessaire d’augmenter ses facultés d’adaptation. « Aujourd’hui j’accepte de perdre du temps ».
Un choix qui oblige Steeve Broutin à déléguer. « Je gagne du temps en allant chercher les compétences ailleurs : consultant finance, marketing, … Je suis comme un artisan, je n’ai pas de temps, je ne suis pas structuré comme une grande entreprise et j’ai besoin d’être accompagné bien plus que je ne l’aurais imaginé. C’est aussi pour cela que je recrute une personne pour s’occuper de nos clients ».