Save, Take Eat Easy, ChicTypes : pourquoi ces startups en pleine croissance n'ont plus d'argent ?

Save, Take Eat Easy, ChicTypes : pourquoi ces startups en pleine croissance n'ont plus d'argent ?

Publié le 4 août 2016

Après Save et Take Eat Easy, c’est désormais la startup ChicTypes qui vient d’annoncer sa mise en redressement judiciaire. Des experts de l’écosystème entrepreneurial nous éclairent sur les raisons de ces renversements inattendus. 

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Trop de croissance tue la croissance. « La semaine passée, nous avons dépassé le million de livraisons. Et malgré ça, nous sommes aujourd’hui en redressement judiciaire », a annoncé Chloé Roose, cofondatrice de Take Eat Easy sur la plateforme medium. Devenue leader de la livraison de restaurants en Belgique et en France avec une croissance mensuelle de plus de 30%, la startup a malgré tout été obligé de déposer les armes.
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« Si on prend l’exemple de Take Eat Easy, ils ont choisi de monter un business dans un domaine extrêmement concurrentiel : le food delivery. Ils ont investi beaucoup d’argent dans le marketing pour gagner en part de marché, mais ils n’étaient pas aussi gros que Foodora ou Deliveroo. Quand les résultats ne sont pas à la hauteur à cause de coûts trop élevés, les investisseurs deviennent frileux et la startup ne parvient plus à lever des fonds », indique Michel de Guilhermier, Président de l’Accélérateur Capital Partners.

Save est placé en redressement judiciaire depuis le 5 juillet

Un scénario catastrophe qui rappelle celui de SaveEntrée en redressement judiciaire le 5 juillet, la startup avait pourtant battu tous les records : 15M€ levés en 2015, un CA passé de 100K€ par mois à 100K€ par jour et un effectif passé de 30 à près de 400 salariés en moins de 18 mois.  « Tout le monde a pris son shot de dopamine et s’est senti pousser des ailes. Moi le premier. Sauf que nous n’avons pas maîtrisé cette croissance », confesse Damien Morin dans son annonce.
Une chute vertigineuse que l’entrepreneur de 25 ans explique par une finance approximative ou une gestion de stock « brinquebalante ». Et, Damien Morin n’avait pas prévu le nombre considérable de vols en corners, ni l’échec de son ouverture sur le marché espagnole et allemand.

« La startup a levé trop d’argent, trop vite »

Pour Sébastien Matykowski, associé-gérant de Capival, il faut souligner un effet structurel. « Dans le contexte global du private equity, il y a aujourd’hui plus d’argent sur le marché qu’il n y en avait auparavant. Et donc, plus d’argent pour les bons dossiers comme Save. Mais ils ont levé trop d’argent, trop vite », explique-t-il.
« On a cramé l’argent qu’on avait reçu », souligne Damien Morin. La startup a en effet voulu capter le marché en ouvrant de nombreux points de ventes, pas rentables. « Il ont commis des erreurs de déploiement. Leur organisation était orientée CA et non rentabilité. On peut être en croissance, mais dégager des pertes, comme ça a été le cas pour Save, est très risqué », insiste Sébastien Matykowski.

Un bon entrepreneur doit avoir une gestion saine

Si les investisseurs ne semblent pas avoir mis de garde-fous, Save reconnaît une faille dans sa gestion. « On peut vouloir conquérir le monde comme Mark Zuckerberg, mais il est primordial d’avoir un modèle économique pérenne. Au delà du rêve de disruption, une gestion saine reste indispensable pour prospérer. Un bon entrepreneur doit être pragmatique », affirme Michel de Guilhermier.
Attention, tout n’est pas perdu cependant pour Save. Jusqu’à preuve du contraire, l’aventure continue. Damien Morin compte d’ailleurs sur le soutien de ses investisseurs historiques pour se relever. Quant à ChicTypes, la startup espère au mieux un rachat. Peut-être est-ce là la vraie solution.
Entrepreneurs, pensez-y.

@JulieGaleski 

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