D’après une étude, les hommes préfèrent désormais les femmes puissantes. Est-ce qu’on peut en dire de même dans les entreprises et startups ? Enquête.
« C’est terminé ces temps archaïques ». À écouter les cadres et dirigeants masculins français, les hommes n’ont plus peur des femmes surdiplômées. Une évolution des esprits qu’aurait constatée Helen Fisher dans une étude publiée sur le site Match.com. D’après l’anthropologue canadienne, une majorité d’hommes seraient désormais attirés par des femmes plus diplômées et mieux payées qu’eux. De là à dire que ce raisonnement peut s’inscrire dans le monde de l’entreprise ?
Un constat qu’il est nécessaire de nuancer. « Les dirigeants restent majoritairement des hommes. Cela semble tellement normal qu’une femme à la tête d’une entreprise est immédiatement jugée », explique Alexia Panhard, co fondatrice et CEO de Nirror. Mais, elle ne se plaint pas : « j’ai de la chance, j’évolue dans un milieu professionnel et personnel équilibré », ajoute-t-elle avec un sourire complice.
« Toujours en train de faire des blagues très déplacées et misogynes »
D’autres n’ont pas eu cette chance. Arnaud Katz, CEO de Bird Office a travaillé pendant des années dans la promotion immobilière. Un secteur d’activité clairement plus masculin. « J’ai déjà entendu quelqu’un dire : je n’ai jamais vu une femme travailler correctement », se rappelle-t-il toujours un peu interloqué. « Je ne savais même pas que ça existait ».
France Hureaux, fondatrice de ZELIP, se rappelle aussi d’un associé avec qui elle a travaillé. Pas très à l’aise avec les femmes et les congés maternité, « il était toujours en train de faire des blagues très déplacées et misogynes ». Plutôt que de l’attaquer en frontal, elle a préféré le prendre avec le sourire. « Je lui répondais à chaque fois sur le ton de la blague. Il n’y avait pas de problème, c’était juste un dinosaure », assure-t-elle.
« Pour lui, un développeur, ça ne peut pas être une femme »
Un leadership qui survit encore dans certains secteurs d’activité. Problème, ce qu’on accepte chez les hommes, on le refuse catégoriquement aux femmes. Fondateur de la société Isidore Design, Jacques Alexandre Habif se souvient d’une dirigeante qui a été relevée de ses fonctions : « elle a été beaucoup trop rigide. En réalité, elle a agi comme les hommes l’auraient fait. Mais, on ne l’a pas admis ». Son erreur, selon l’entrepreneur : « avoir oublié que la séduction fait partie de son métier de dirigeant ».
Une histoire qui n’aurait jamais pu exister dans une startup. Co-fondateur du site Lebonlocataire.com Marcien Amougui se rappelle d’un collaborateur un poil machiste. « Pour lui, un développeur, ça ne peut pas être une femme ». Sauf qu’il est managé par une directrice Marketing. Elle supervise aussi la technique. « Ça démarre par un petit jeu de challenging », raconte-t-il. Mais très vite, il remet systématiquement en cause sa vision.
La startup, toujours du côté de celui qui a raison
Pas de chance pour lui, « elle possède une très forte personnalité ». Elle ne se laisse pas faire. Surtout qu’elle possède au final une compétence technique supérieure à lui. « Il a fallu tout de même à un moment que je donne mon appui à ma directrice », assène-t-il. Sinon, le collaborateur aurait encore remis en question les compétences de son manager. « Ça a bien duré un mois et demi, presque deux mois ». Mais, le collaborateur en question s’y est fait. « Tout se passe très bien maintenant », assure Marcien Amougui.
C’est l’avantage d’être dans une startup. Ici, seul celui qui trouve les solutions a raison. Pas de pollution culturelle sur les genres. Pour le co fondateur de Bird Office, « l’équilibre entre hommes et femmes se fait naturellement ». Ses développeurs sont ouverts et « veulent rendre service ». Les femmes, elles, ont « du caractère ». Tout fonctionne bien. Après, l’entrepreneur reste lucide : « les hommes sont fondamentalement différents », rappelle-t-il.
La compréhension ne sera jamais totale. Mais, n’est-ce pas aussi cela qui rendent les relations humaines intéressantes ?