« Bon, les copains, il faut que je vous dise… ça y est. J’ai décidé de monter ma boîte ». Silence. Regards mi-interrogatifs, mi-amusés de mes amis, suivis de 2 ou 3 « génial ! ». Et puis l’interrogatoire démarre, à la lumière pâle des néons du bar, bière à la main : « Depuis quand tu as décidé ça ? Tu quittes ta boîte ? Pour faire quoi ? Tu te lances seul ?… »
Je me suis longtemps demandé à quelle moment interviendrait cette scène. A quel moment j’annoncerais cette décision, si importante pour moi (mais nettement moins pour les autres, soyons honnête). Est-ce que je devais en parler dès l’origine du projet, et les premières réflexions ? Ou plus tard, au moment de prendre une vraie décision ?
Après moultes tergiversations, j’ai décidé que mon coming out interviendrait… après. Après que j’ai quitté ma boîte, après que j’ai commencé à bosser à plein temps sur mon projet.
Limiter le risque de perte de confiance
Pourtant, je ne suis pas du genre secret. A tel point que je tiens maintenant un carnet de bord, accessible à tous, sur mon projet entrepreneurial. Sauf que, selon moi, il n’est pas bon de tout dire, tout de suite. Avant de passer au gril de toutes ces bonnes intentions, mieux vaut être dans les bonnes dispositions. Parce que mine de rien, pour encaisser les questions pertinentes de ces messieurs dames, il faut plus qu’un demi dans la main droite ; il faut déjà être un peu solide. Sous peine sinon de perdre foi dans son propre projet…
Pour moi, le meilleur moyen d’aborder ce moment sereinement, sans pression négative (le demi étant considéré comme la positive), c’est d’avoir déjà posé un acte fondateur fort. En l’occurrence : avoir quitté mon employeur, et avoir commencé à bosser sur mon projet.
Lancer une dynamique constructive
Communiquer sur son projet après un acte fondateur, ça a un avantage majeur : au delà du fait que ça vous permet d’être pris au sérieux, ça vous met surtout en position de force. Je m’explique : vous avez déjà dit, à un pote qui vous annonce tout sourire qu’il a demandé sa copine en mariage, qu’il fait une énorme connerie ? Non. Enfin, disons qu’il y a (très) peu de chance. Et ben là, c’est pareil : en mettant les gens devant le fait accompli, vous les « forcez » à vous soutenir. Dit autrement, vous sollicitez leur côté constructif plutôt que leur côté dissuasif… et ça, c’est toujours (très) bon à prendre.
Une fois l’annonce faite, c’est une autre histoire : la communication doit être maximale. Pour toutes les raisons qu’on connait (éviter l’isolement, confronter ses idées, trouver des appuis, tester son produit), mais aussi et tout simplement pour se mettre la pression. Parce qu’admettre auprès de ses interlocuteurs qu’on avance pas, c’est humiliant. Et ça pousse à se botter le cul pour ne pas en arriver là. En général.
Thomas Barret