Qu’il s’agisse d’un souci d’écologie, d’économie ou d’éthique, la question des achats responsables et durables concerne de plus en plus les entreprises du monde actuel. Certaines abordent le sujet sous l’angle des risques financiers de réputation. Et il est vrai que lorsque l’on découvre les étiquettes de marques dans les centres du Rana Plaza, « cela fait plutôt mauvais genre, et surtout un mauvais buzz pour la marque en question ».
Mais d’autres entreprises l’abordent dans le cadre d’une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ou d’une éthique propre à l’entreprise. Peu importe les raisons pourvu que les achats soient responsables et que les résultats soient là. Pour nous éclairer sur ce sujet, Élisabeth Lécuyer reçoit aujourd’hui Catherine Lafarge, de Procédure Eco, experte en la matière.
Coauteure de plusieurs ouvrages tels « Traçabilité sociale : un choix éthique », en 2011, et « Gérer les risques achat à l’international », aux éditions Dunod en 2013, Catherine Lafarge est, entre autres, consultante en achats et RSE, formatrice en achat durable et surtout, elle a pratiqué les achats dans de grandes entreprises de la grande distribution, du luxe ou encore du secteur alimentaire.
L’achat responsable en 3 points
Pour elle, les achats responsables peuvent être qualifiés selon 3 points: la « notion du juste besoin », les caractéristiques « social et environnemental » ajoutées au « triptyque coût / qualité / délai », et enfin le fait de « penser coût global ». En effet, avant même de chercher à acheter de façon responsable, il faut avant tout se demander s’il faut réellement acheter. Aussi, il ne suffit plus de se fier au rapport qualité/prix lorsque l’on souhaite acheter un produit, il faut également ajouter des particularités environnementales (telles que les ampoules basse consommation, par exemple). Enfin, aujourd’hui, on n’achète pas un produit avec un coût facial seulement : il faut également penser le produit dans toute sa durée de vie (coût à l’usage, coût de destruction, etc.).
« On ne peut pas courir tous les lièvres à la fois »
Mais est-il facile d’instaurer une politique d’achats responsables dans une entreprise où le terrain est encore vierge ? L’important est qu’il y ait une volonté de la part des dirigeants. Ensuite, il faut « prioriser ses actions et faire des choix » car « on ne peut pas courir tous les lièvres à la fois ». En terme de temps, certaines entreprises mettent en place cette politique dans leurs valeurs et leur culture d’entreprise, d’autres le font sans s’en rendre compte aussi. Enfin, pour que les acheteurs évoluent, les vendeurs doivent les suivre, car « pour faire des achats durables il faut être 2 ». Aux entreprises alors de mettre en place des méthodes et des outils spécifiques afin de former aux achats responsables.