Respecté par l’ensemble de la communauté des chefs d’entreprises et de la classe politique Française, Claude Bébéar est devenu, par son habileté et son sens de la communication, le « parrain du capitalisme Français ». Retour sur sa stratégie de croissance qui a fait ses preuves.
« Délocaliser est un devoir pour les entreprises ». Cette affirmation, publiée dans une tribune en 2007, n’a pas valu à Claude Bébéar un concert de louanges. Et pourtant, rien n’y fait, l’entrepreneur continue d’avoir une image positive. Il faut dire, son passé de bâtisseur dans le monde des assurances parle pour lui. Rien à voir avec Jean-Marie Messier qui a multiplié les rachats d’entreprises, sans cohérence à moyen et long terme. Avant de chuter sous les coups de boutoir d’un certain… Claude Bébéar.
Car, l’ancien dirigeant d’Axa a toujours eu les pieds sur terre. Son parcours professionnel le prouve : Polytechnicien mal classé à la sortie, le jeune Claude Bébéar entre comme attaché de direction dans une petite mutuelle. Pas glorieux pour quelqu’un sorti de l’X. Mais cela lui permet de connaître parfaitement l’organisation des métiers de l’assurance. Une expérience très utiles lorsqu’il sera question de réorganiser les équipes, venus d’horizon différents.
Visionnaire…
17 ans après son entrée, il en prend la direction. Très vite, le jeune patron se donne l’image d’un modernisateur. Il impose de nouvelles techniques de vente, introduit l’informatique chez ses collaborateurs et crée une direction de l’innovation des assurances. Il change également le nom de la société – les Mutuelles unies – après la fusion de 8 petites mutuelles. Petit problème cependant, les Mutuelles Unies n’ont pas les moyens d’utiliser la croissance externe pour continuer à grandir. L’élection de François Mitterrand allait tout changer.
La peur des nationalisations bouleverse la donne dans le monde des assurances. Dès lors, Bébéar propose à Drouot de se rapprocher. Mais, assuré de ne pas être nationalisé, ce dernier a préféré s’offrir à Bouygues. Mal lui en a pris, un procès intenté par les actionnaires de la société invalidera la vente. Résultat, à la manière d’un judoka, Claude Bébéar retourne la situation et obtient la direction du nouveau groupe Mutuelle Unies/Drouot, grâce au soutien des actionnaires. L’entrepreneur passe dans la cour des grands.
… mais les pieds sur terre
Deuxième coup de maître, Claude Bébéar réussit à prendre la présidence du nouveau groupe MutuellesUnies/AGP en convainquant les actionnaires institutionnels. À la tête désormais du deuxième groupe Français d’assurance qui prend en 1984 le nom d’Axa, il peut entamer l’internationalisation de l’entreprise. Il prend des participations un peu partout dans le monde: Etats-unis, Canada, Japon, Coré-du-Sud. Avant de lancer en 1996 une OPA sur UAP, N°1 de la branche en France, qui donne naissance au premier groupe mondial d’assurance. L’entrepreneur est au sommet.
Comment cet ensemble a-t-il pu tenir ? Fort de son passé d’attaché de direction, au début de sa carrière professionnelle, Claude Bébéar a su trouver la formule gagnante : régulièrement, des expéditions sont planifiées pour raffermir l’esprit d’équipe de collaborateurs d’horizons différents. Très novateur à l’époque. Au final, la stratégie Bébéar pourrait se résumer au slogan de Valéry Giscard d’Estaing : « le changement dans la continuité ».
À la différence que ça l’entrepreneur Français n’aura pas raté sa sortie