LE DANEMARK PREND LES RÊNES
UNION EUROPÉENNE
Après la Pologne et avant Chypre, le Danemark entame, avec ce mois de janvier 2012, la présidence tournante de l’Union européenne pendant six mois. Une passation en toute discrétion puisque l’ouverture officielle de la présidence danoise n’aura lieu que le 11 janvier lorsque la Commission visitera le Danemark Par manque de visibilité, on a tendance à oublier que les 27 sont toujours présidés, tous les semestres, par une présidence tournante de l’un des pays membre de l’Union.Celle de la Pologne, qui vient de s’achever le mois dernier, nous laisse une impression diffuse car ce pays, qui n’est pas membre de la zone euro est resté au « balcon » des divergences sur fond d’aggravation de la crise de la dette souveraine européenne. Fin novembre, à Berlin, le ministre polonais des Affaires étrangères Radek Sikorski, avait néanmoins demandé à l’Allemagne « d’aider la zone euro à survivre et à prospérer » mais Angela Merkel s’était montrée quelque peu sourde aux sirènes du chef de la diplomatie polonaise.C’est la Hongrie , qui ne fait pas non plus partie de la « zone euro », qui avait assumé la présidence tournante avant la Pologne et depuis un an, la monnaie « unique » européenne est donc peu soutenue par les présidences tournantes successives de l’Union alors que les eurosceptiques , parallèlement à l’exacerbation de la crise de la dette, ne cessent de déployer leurs efforts dans différents pays . Le Danemark, qui assure pour la septième fois la présidence tournante, craint dès lors d’être lui aussi marginalisé comme les neuf autres Etats membres de l’Union Européenne, dont la Grande-Bretagne, qui n’ont pas adopté la monnaie unique. Mais, contrairement à la plupart des coalitions de droite qui sont au pouvoir dans la majorité des pays européens, le gouvernement de centre gauche danois dirigé par Helle Thorning-Schmidt depuis le mois d’octobre va probablement tenter d’impulser avec sa composante sociale-démocrate, sa gauche « radicale » et ses écologistes, une politique quelque peu différente.On relève par exemple que la première femme sociale-démocrate de 45 ans à diriger un gouvernement au Danemark a désigné un « ministre des Affaires européennes » au sein de son gouvernement.Et la première ministre danoise tient à multiplier d’autres initiatives qui sont autant de gages envers ses collègues fervents défenseurs de la construction européenne. Ainsi, a-t-elle décidé de supprimer les contrôles douaniers intra-européens rétablis par le gouvernement conservateur précédent sous l’influence des populistes du Parti du Peuple Danois. De même, elle a annoncé des référendums sur diverses dérogations obtenues depuis 1992 par le Danemark mais sans toucher à celle de l’euro refusé par le population.Paradoxalement, l a principale mission que s’est assigné Copenhague sera « d’unifier les pays qui sont dans la zone euro et ceux qui sont en dehors », comme l’ a indiqué le ministre des Affaires européennes Nicolai Wammen.Le deuxième grand axe de la présidence tournante danoise sera le budget 2014-2020 de l’Union européenne qui se conclura probablement sous la présidence chypriote au deuxième semestre 2012 alors que se précisera déjà l’élection présidentielle française.Enfin, l’autre défi du Danemark consistera à relancer la croissance sur le territoire de l’Union et Copenhague souhaite là aussi se distinguer de ses prédécesseurs en misant sur les technologies vertes et les énergies renouvelables.« Chaque euro dépensé dans l’efficacité énergétique assurera des emplois européens », a affirmé le ministre danois du Climat, de l’énergie et de la construction Martin Lidegaard .Aussi le Danemark souhaite-t-il créer de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises européennes en passant des accords avec des pays comme le Japon ou le Canada mais aussi avec des pays émergents comme l’Inde ou les pays du Maghreb.Si l’Europe ne veut pas que le centre de gravité mondial ne bascule encore davantage vers l’Asie, de nouvelles pistes pourraient être explorées, notamment avec les pays de la rive sud de la Méditerranée.La présidence danoise se distinguera-t-elle de ses prédécesseurs en tentant de jeter les bases d’une politique commune européenne à l’égard de ses voisins du Maghreb compte tenu, notamment, de l’énorme réservoir énergétique de cette région ? LIBERTE
Arezki AMOKRANE
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patrick le berrigaud