Notre enquête d’hier « Entrepreneur, quel vacancier êtes-vous ? » vous révélait les habitudes de vacances des entrepreneurs…
Une question reste cependant en suspens, les entrepreneurs en vacances savent-ils vraiment déconnecter ?
Widoobiz est parti à la rencontre de ces entrepreneurs pour découvrir leur façon de gérer leurs emails, appels et autres soucis du quotidien entrepreneurial.
Il y a ceux qui pensent qu’on ne peut se ressourcer et recharger ses batteries qu’en opérant une déconnexion totale, ceux qui en revanche ne peuvent se passer de leur connexion internet ou électronique, voire ceux qui optent pour des « pauses digitales » tout au long de l’année.
Déconnecter pour mieux se reconnecter
Julien Mechin est le co-fondateur de Creads, une agence de publicité participative créée en 2008. Cette année, il a décidé de s’accorder 15 jours de vacances, loin de la France, et loin surtout de toute connexion ! Sa destination ? Pour « prendre du repos, et évacuer le stress » il a choisi l’Inde. Une destination lointaine qui n’a pas que des avantages… Voyager loin, ca dépayse, mais le pire c’est au retour de vacances : fraichement rentré le matin même, Julien déclare se sentir un peu « perdu » avec comme « l’impression d’être parti 6 mois ».
En effet, la charge de travail au retour est colossale. « Une liste astronomique de choses à faire » l’attend : des clients à rappeler, le tri des 400 mails sur la messagerie, ou encore des factures à traiter. Il faut en moyenne 2 à 3H à nos entrepreneurs rien que pour trier les mails, se mettre à jour, et se replonger dans l’état d’esprit propice au travail. Pour Eliott Reilhac, co-fondateur de Distribeo, il considère qu’il faut à peu près « une journée de reconnexion » aux entrepreneurs qui partent en vacances, pour se remettre dans le bain.
C’est l’inconvénient de prendre des vacances, la première journée est toujours la plus intense, mais pour Frédéric Boismal, de Wildbox production, cette déconnexion est vitale : « il faut un minimum déconnecter pour être mieux connectés après ».
Mais le plus difficile pour vous, entrepreneurs, c’est de réussir à lâcher la bride, car comme le souligne Paolo Bevilacqua, co-fondateur du magazine de polar Alibi, « ce qui est terrible avec les Smartphones, c’est qu’on est toujours joignables » et donc toujours potentiellement capables de rester connectés. Difficile en effet de ne pas être tenté lorsqu’en un clic on peut accéder à tous ses mails de la journée… A moins peut-être de partir dans un endroit dépourvu de toute connexion ! C’est d’ailleurs la solution vers laquelle Martin Ohannessian pourrait pencher l’année prochaine. Entrepreneur saisonnier, Martin possède la société le Petit ballon, qui propose de faire découvrir l’art de la dégustation du vin sur internet. Dépendant de son activité, les vacances d’été ont été mises à profit pour préparer la rentrée !
Déconnecter, ce n’est pas une obligation…
Certains entrepreneurs ont beaucoup de mal à déconnecter. C’est le cas de Bernard Poinsot créateur depuis 3 ans d’une société de bureau d’étude dans le bâtiment : Euroclim. Pour cet entrepreneur de 50 ans, prendre des vacances c’est nécessaire pour sa vie de famille, ce qui ne l’empêche pas de regarder ses emails une fois par jour… « C’est plus fort que moi ! » déclare-t-il.
La majorité du temps, les entrepreneurs qui choisissent des vacances connectées possèdent une activité directement liée à internet : le e-commerce, les conseillers en e-branding ou web social, les blogueurs, ou encore les consultant en communication et marketing. Toutes ces activités requièrent d’être toujours plus ou moins disponible pour répondre aux urgences. Comme le déclare Laurent Durgeat, fondateur de la société de relation presse PRformance, il est parfois impossible d’avoir une coupure trop longue lorsque l’on est consultant. « Je suis toujours plus ou moins connecté car je travaille dans le secteur du conseil, ce sont les activités des clients qui imposent le rythme, mais cela m’arrive de dire aux clients que je pars quelques jours ».
Il tient cependant à souligner que même si ces moments de pause sont plutôt du type connectées, lorsqu’on prend quelques jours, on n’est pas non plus « esclave du coup de fil d’un client ». L’objectif pour Laurent, c’est de « nettoyer progressivement les mails grâce à son portable » pour ne pas être surchargé de travail à son retour.
Cette parade, Fadhila Brahimi, créatrice de FB-associés, l’applique également, car pour elle « en 20 jours de vacances, on a le temps de se reposer. Tous les 2-3 jours je contrôle donc mes mails et effectue un premier classement ». Cette entrepreneuse qui se définit comme « nomade » parce qu’elle aime à pratiquer des « pauses digitales » toute l’année, reçoit en effet 200 mails par jour. Sans tri, le nombre de mail à trier au retour serait considérable… Au contraire, sa méthode ne prend pas plus de quelques heures par jour, puisqu’elle procède à un simple classement par dossiers intitulés « à classer, à faire, à écrire, à imprimer, ou encore à lire ». L’objectif est de retenir l’essentiel pour faciliter la reprise de son activité à son retour. Mais « je ne le vis pas comme une prison » tient-elle à souligner.
Pour ces deux entrepreneurs en consulting, rester connectés pendant leur quelques jours de repos n’est pas un fardeau, loin de là c’est pour eux une nécessité et un choix, qu’ils compensent par des pauses ou des courts séjours tout au long de l’année.
Mais il y a aussi les gros hasards de la vie qui font que, même si on n’avait pas prévu de rester connectés, l’urgence du business nous rappelle à notre bureau… C’est ce qui est arrivé à Barbara Ouvrard, entrepreneuse qui, pour une fois, avait décidé de prendre des « vraies » vacances. Partie sans pc, les téléphones coupés, et la messagerie de côté, seul un mini disque dur amovible s’était glissé subrepticement dans son sac à main… Jusqu’à une demande urgente pour un Appel d’Offres qu’elle a d’ailleurs réussi à remporter. Revivez la totalité de son aventure sur son blog en cliquant ici.
Certains entrepreneurs vivent les vacances comme une source d’inspiration, comme Vanessa, adepte des vacances connectées à 60% : « je travaille la nuit, j’adore ! Car je travaille vite. Mon principe, c’est de bosser n’importe où, n’importe quand, […] ca développe ma créativité […] ! ».
Enfin, pour partir serein, la plus part des entrepreneurs se repose sur leurs associés : les vacances se font à tour de rôle, et chacun reste disponible en cas d’urgence. « Passer le relais à quelqu’un » c’est d’ailleurs « l’idéal » pour Fadhila Brahimi : il faut s’organiser pour qu’une personne contrôle les événements à notre place et nous prévienne en cas d’urgence.
Et lorsque l’on sait sur qui compter, il est toujours possible d’être astucieux. Un entrepreneur, un brin malicieux, nous explique ainsi qu’en « relevant ses mails une fois par jour et ayant des personnes sur place, on peut même faire croire à l’extérieur que l’on n’a pas pris de vacances ».
Et vous, connecté or not connecté ?